Vague scélérate
Datte: 24/10/2023,
Catégories:
ffh,
vacances,
voyage,
bateau,
Oral
pénétratio,
aventure,
Auteur: Roy Suffer, Source: Revebebe
... le temps de faire connaissance avec les autres passagers, notamment ces deux beautés, filles du roi de la pâte de luxe, parlant indifféremment le français et l’italien, comme leur père. J’en profite aussi pour pêcher avec le matelot, c’est sa détente favorite lorsque le pauvre bougre ne court pas partout pour tout assurer. Nous pêchons quelques thazards de belle taille, des sortes de gros maquereaux, et une ou deux carangues. « Fiston », c’est ainsi que l’appelle le capitaine, n’a pas son pareil pour les cuisiner à la façon locale et ainsi améliorer l’ordinaire. Chacune de nos escales permet également de se ravitailler en produits frais, fruits et légumes, ce qui limite au minimum le recours aux conserves. Sur Mahé, la plage de Beau Vallon est… somptueuse, à couper le souffle, l’une des plus belles du monde. L’occasion de jolis clichés, surtout avec mes deux compagnes de voyage en maillots minimalistes, elles peuvent se le permettre.
Jusque-là, tout va bien, comme disait le mec en passant devant la fenêtre du quatrième, chutant du quinzième étage. Nous ignorons ce qui nous attend sur la route de Mayotte. Tout juste est-il annoncé un coup de vent qui doit simplement renforcer les alizés qui nous portent à bonne allure depuis le départ, l’occasion de mettre un peu de piment à cette navigation paisible. Putain, si j’avais su…
Pourtant le bateau remonte la pente, je le sens plus que je ne le vois, sauf pendant les éclairs. Juste le temps de distinguer des paquets de mer ...
... arrachés par la tempête à la crête des vagues. Sensation de s’envoler quand l’étrave franchit le sommet, l’estomac remonte quand le bateau retombe pour filer plus vite se planter dans le creux suivant. Cette fois, je m’attends au choc ; tassé sur moi-même, un pied calé contre le bas du poste, l’autre reculé pour encaisser l’impact, jambes à demi fléchies. Et ça tape, et ça recommence, encore et encore. La flotte rentre dans le poste puis ressort, et ainsi de suite. Combien de temps vais-je pouvoir tenir ? Moi, l’un des passagers, je me retrouve avec charge d’âmes. Et que se passe-t-il en dessous ? Mes doigts sont crispés sur la barre, mes muscles tétanisent, les yeux me piquent d’essayer de percer cette nuit en plein jour. Et puis soudain, c’est LE choc. Dans un fracas épouvantable, je me retrouve à plat ventre sur les instruments du bord, la tronche contre la vitre qui, heureusement, n’a pas cédé. Je me laisse glisser sur le sol. Le bateau remonte un peu, mais ne grimpe pas la montagne d’eau qui semble le faire reculer. Cette fois, il pique du nez en permanence, la barre tourne dans le vide, on coule ! La vague suivante le prend par l’arrière et le propulse comme une vulgaire planche de surf, il tourne seul vers bâbord et il se produit un nouveau craquement formidable. À n’en pas douter, nous avons d’abord touché le fond, bizarre en plein océan, et nous sommes en train d’être drossés sur des rochers sur lesquels l’embarcation se fracasse. Fond, rochers, donc terre. Je sors à ...