1. Vague scélérate


    Datte: 24/10/2023, Catégories: ffh, vacances, voyage, bateau, Oral pénétratio, aventure, Auteur: Roy Suffer, Source: Revebebe

    C’est un monstre ! Le vacarme est assourdissant et permanent. Nous sommes à deux mètres les uns des autres et il faut hurler pour se faire entendre. Il est quinze heures et il fait pratiquement nuit, sauf les éclairs qui nous rendent plus aveugles encore pendant un instant. Je ne croyais pas ça possible. Au début, j’ai pris quelques photos avec mon smartphone ; mais, maintenant, je ne peux rien faire d’autre que me cramponner. J’avais déjà entendu parler de creux de huit ou dix mètres, mais là on est au-dessus, au moins quatorze ou quinze. Quand le bateau arrive au sommet de la vague, on a l’impression qu’on va s’envoler, qu’on est au bord d’un précipice. Et puis plaf, il retombe lourdement sur ce toboggan liquide qu’il dévale à toute allure et crac, la proue se plante dans le fond. Tout vibre dans le choc, tout objet libre percute les parois vers l’avant, on a l’impression pendant un instant d’être un sous-marin, ou de couler, ou de tenter de passer sous cette montagne d’eau. Et puis non, le bateau se cabre, refait surface et tente l’escalade. En même temps, on a l’impression que cette énorme ondulation avance sous l’étrave et qu’on fait l’ascenseur comme un bouchon. À peine le temps d’être presque soulagé que ça recommence. Et encore, et encore… On va tous mourir, ça ne peut pas être autrement. Je me dis qu’au moins, étant dans le poste de pilotage, je verrai venir la mort. Le capitaine avait accepté ma présence parce que j’avais le pied marin et que, ayant déjà un peu ...
    ... navigué, j’étais curieux de voir un « coup de vent » aux premières loges, mais je ne m’attendais pas à ça, lui non plus, d’ailleurs. La tempête a dû passer sur un courant chaud et gonfler en cyclone en quelques minutes, la météo ne l’a pas vu venir.
    
    On avance grâce à un tourmentin, tout petit foc très costaud, indispensable pour que le bateau reste manœuvrable et ne soit pas ballotté comme un fétu de paille. Et malgré tout, on a la sensation que ça tape de plus en plus fort. La preuve : au sortir du creux suivant, la trappe de la soute à voiles s’est ouverte. Elle tient encore par ses charnières, mais pour combien de temps… ? Et à chaque plongée on embarque deux ou trois mètres cubes d’eau.
    
    — Faut que j’y aille, crie le capitaine. Tiens la barre, fiston, toujours tout droit…
    
    Le « fiston » c’est l’unique marin du bord en dehors du capitaine, une sorte d’homme à tout faire : aider aux manœuvres, tenir le bateau propre, faire la cuisine… En fait, tout repose sur lui et tout le mérite en revient à son patron. Il prend la barre, les yeux écarquillés pour suivre la progression du capitaine cramponné au bastingage d’acier. On est en pleine remontée, il ne lutte que contre le vent et les embruns. Parvenu au niveau de la trappe, sans lâcher le tube d’acier, il parvient à la rabattre d’un coup de pied et s’acharne à coups de talon pour en bloquer la fermeture. Moi, je trouve que les choses deviennent très compliquées et me penche pour ouvrir le coffre des gilets de sauvetage. J’ai ...
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