1. Philosophie du plaisir (2) : Sade, le Marquis et ses œuvres.


    Datte: 05/07/2019, Catégories: Dans la zone rouge, Auteur: Olga T, Source: Hds

    ... ses mendiants. L'allongement du récit est aussi accentué par deux histoires enchâssées, celles d'un moine, Jérôme, et d'une femme Séraphine.
    
    Il revenait à Jean-Jacques Pauvert, premier éditeur à publier l'œuvre intégrale de Sade, d'attirer l'attention, dans sa biographie « Sade vivant » (T. III, p. 299), sur l'opération de librairie qui consistait à publier en 1799 et 1800 les dix volumes (3600 pages) de « La Nouvelle Justine », suivie de « l'Histoire de Juliette, sa sœur », illustrés de 101 gravures licencieuses, « la plus importante entreprise de librairie pornographique clandestine jamais vue dans le monde ».
    
    Il s'agissait de mettre en vente plusieurs milliers d'exemplaires d'une collection proposée au public 100 francs en 1801, soit un chiffre d'affaires total de plusieurs centaines de milliers de francs, suivant le tirage, à une époque où " un ouvrier considéré comme bien payé gagnait 600 francs par an, et vivait correctement". Les saisies policières feront encore monter les prix !
    
    HISTOIRE DE JULIETTE, OU LES PROSPERITES DU VICE
    
    Ce roman est présenté comme une suite de « La Nouvelle Justine ou les Malheurs de la vertu », Justine étant la sœur de Juliette. L’édition d’origine comptait 60 gravures licencieuses.
    
    Alors que, dans les Malheurs de la vertu, Justine n'obtient que des injustices et des sévices répétés, Juliette est au contraire une nymphomane et criminelle amorale dont les entreprises lui valent le succès et le bonheur.
    
    Juliette est élevée ...
    ... dans un couvent, mais à l’âge de treize ans, elle est séduite par une femme qui entreprend de lui expliquer que la moralité, la religion et les idées de cette sorte sont dépourvues de sens. Toutes les considérations philosophiques évoquées au cours du récit sont de cet ordre : toutes les idées touchant à Dieu, la morale, les remords, l’amour, sont attaquées. La conclusion générale est que le seul but dans la vie est « de s’amuser sans se soucier, aux dépens de quiconque ».
    
    Pendant le roman, qui suit Juliette de l’âge de treize à environ trente ans, l’anti-héroïne dévergondée s’engage dans pratiquement chaque forme de dépravation et rencontre toute une série de libertins comme elle.
    
    Une des scènes les plus étendues de Juliette relate une longue entrevue de Juliette avec le pape Pie VI. L’héroïne montre son érudition au pape, auquel elle s’adresse le plus souvent par son nom séculaire de « Braschi », en dressant le catalogue des immoralités commises par ses prédécesseurs. Comme presque toutes les scènes du récit, l’audience se termine sur une orgie, à laquelle le pape participe. Pour obtenir les faveurs de Juliette, le pape célèbre des messes noires à Saint-Pierre-de-Rome.
    
    Peu après, le personnage Brisatesta relate deux rencontres scandaleuses, la première avec « la princesse Sophia, nièce du roi de Prusse », qui vient juste d’épouser « le stadhouder » à La Haye. Ceci désigne vraisemblablement Friederike Sophie Wilhelmine de Prusse (1751-1820), qui a épousé Guillaume V ...