Philosophie du plaisir (2) : Sade, le Marquis et ses œuvres.
Datte: 05/07/2019,
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Dans la zone rouge,
Auteur: Olga T, Source: Hds
... d’une sentence capitale, elle est reconnue à une étape par sa sœur Juliette qui a fait fortune et dont l’amant intervient.
Sauvée enfin et réhabilitée, Justine semble devoir vivre heureuse dans le château de ses hôtes. Mais le dernier mot reste au Ciel qui ne saurait laisser la vertu en paix, et celle qui l’incarne meurt, à l’âge de vingt-sept ans, foudroyée au cours de l’affreux orage du 13 juillet 1788. »
De longues dissertations morales et philosophiques qui débouchent sur des professions radicales d’athéisme et d’immoralisme, précèdent, interrompent ou terminent presque toutes les scènes d'orgies du roman.
En 1799, Sade publie une nouvelle version du roman, qui sera suivi début 1800 par « l'Histoire de Juliette, ou les Prospérités du vice ».
La première édition du roman se compose de dix volumes illustrés de cent gravures obscènes, ce qui en faisait à l'époque « la plus importante entreprise de librairie pornographique clandestine jamais vue dans le monde » selon Jean-Jacques Pauvert. Cela entraîna une importante spéculation de librairie, vu le succès de la version de 1791, et vaudra à son auteur, sous le Consulat, une arrestation sans inculpation et sans jugement, puis un enfermement à vie à l'asile de fous de Charenton.
Les trois versions se différencient par :
• l'amplification: De la première à la dernière version, Sade ne cesse de multiplier les malheurs de Justine – et d’expliciter les scènes érotiques - comme il ne cesse de prolonger et de durcir ...
... les dissertations idéologiques : la première version occupe 118 pages dans l’édition de la Pléiade, la deuxième 259 pages et la troisième 705 pages (sans compter l’histoire de Juliette qui occupe 1080 pages). L'amplification passe aussi par les illustrations : un frontispice allégorique dans Justine ou les Malheurs de la vertu, quarante gravures obscènes dans la Nouvelle Justine.
• le vocabulaire: retenu dans les deux premières versions (emploi de périphrases, d’allusions), il est ouvertement obscène dans la Nouvelle Justine.
• la narration: Justine est narratrice de ses malheurs dans les deux premières versions. Le vocabulaire de la jeune fille et ses réticences morales limitent son évocation des passions dont elle est victime. Elle perd la parole dans la Nouvelle Justine, le récit devient objectif, aucune nécessité narrative ne bride plus les descriptions de violence et d'orgie.
Le passage de la version de 1791 à celle de 1799 est partiellement constitué par cent onze notes, qui indiquent le projet d'une amplification des aventures, des personnages, et des « dissertations philosophiques » (souvent empruntées aux philosophes des Lumières) : le couvent de Sainte-Marie-des-Bois, par exemple, nous offre non plus quatre, mais six moines à la tête d'un sérail qui ne comprend pas moins de dix-huit garçons et trente filles. De nouveaux personnages sont créés : la Delmonse et son complice Dubourg, M. et Mme d'Esterval, tenanciers d'une auberge rouge, M. de Bandole, Roger et ...