1. Aïcha, ou les exils


    Datte: 30/06/2019, Catégories: fh, ff, hotel, anniversai, amour, confession, historique, Auteur: Asymptote, Source: Revebebe

    ... slow.
    
    J’entraînai Kadour. Il tenta de décliner, mais ces mots : « Allez, pour mes vingt ans… », accompagnés d’un regard suppliant le contraignirent. Il se montra gauche et intimidé. Un peu éméchée, je m’affaissais sur son épaule. Nous nous sommes rapprochés et je l’ai accroché, le serrant fortement contre moi. J’ai apprécié la vigueur musculeuse de son torse contre ma poitrine dont, je n’en doutais pas, il avait lui ressenti la fermeté des seins. Nos corps s’entrelacèrent et je perçus distinctement la gibbosité qui déformait son pantalon. Il réalisa que j’avais constaté et quinaud et rougissant s’éloigna en s’excusant. Amusée et flattée par cet incident, je me détournai brièvement et plaisantai avec Pierre le plus âgé de mes cousins. Lorsqu’à nouveau je le cherchais, il demeura introuvable.
    
    Aïcha fut la première à nous quitter déclenchant la débandade. Successivement, les autres suivirent, regagnant les chambres d’hôtes aménagées sans grand confort à leur intention en différents lieux de la maison et des dépendances. Bientôt seule, secondée par Selma, une jeune servante, je m’appliquais à effacer les reliefs d’une fête ratée. La laissant enfin achever le rangement, un dernier verre de champagne à la main, je grimpai sur la terrasse afin d’y prendre l’air, mais surtout de clarifier mes idées.
    
    La nuit était lumineuse, douce, calme et des centaines de crapauds la déchiraient de leurs coassements nostalgiques. Mes pas me portèrent jusqu’au bout de l’immense ...
    ... terrasse qui surplombait les communs à l’extrémité de laquelle était aménagé, sous une tonnelle de vigne vierge, un confortable salon de jardin. J’y allumai une cigarette et la lampe tempête puis m’affalai dans un fauteuil.
    
    Mon désarroi était extrême. J’observais mon verre et la pétillante danse des bulles. J’y voyais un concentré de vingt ans d’espérances, de mes aspirations encore si vives ce matin. Elles gonflaient, allègres, éclataient à la surface du liquide et s’évanouissaient en vaines illusions. Une incommensurable tristesse m’envahit. J’en étais à agiter ces mélancoliques pensées quand mes yeux désormais accoutumés à la pénombre distinguèrent Kadour appuyé contre la rambarde dans le plus obscur recoin.
    
    Établi ici avant que je n’arrive, je ne pouvais le soupçonner de m’espionner. Il me dévisageait d’un air halluciné. Une présence, sa présence surtout, raviva mes attentes… elle concrétisa l’aubaine capable de sauver cette journée. Toutes les ambitions que j’y avais mises se condensèrent dans l’unique et folle envie d’être emprisonnée dans ses bras. Lui saurait et voudrait me protéger contre les démons qui m’entouraient comme contre ceux que je couvais en mon sein. Il me contemplait avec tant d’adoration que, désarmée, je lui souris. Je le tirai ainsi de sa torpeur et rompis le charme. Il s’ébroua, se redressa et voulut s’éloigner. Ce n’était pas possible, il n’allait pas, à son tour m’abandonner, il me fallait à tout prix le retenir. Je me levai et insouciante des ...
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