1. Aïcha, ou les exils


    Datte: 30/06/2019, Catégories: fh, ff, hotel, anniversai, amour, confession, historique, Auteur: Asymptote, Source: Revebebe

    ... ses compétences, autant dire tous. Tout en opinant aussi, j’éprouvais une indéfinissable réticence.
    
    Vers la fin de l’après-midi, j’étais aux toilettes qui hélas se situent chez nous dans la salle de bain quand Aïcha y entra avec l’emportement propre à son âge. Lorsqu’elle m’y aperçut, la culotte roulée sur les cuisses et la jupe retroussée autour de la taille, elle en fut bien plus surprise et surtout plus gênée que moi. Elle rougit violemment et bafouilla :
    
    — Oh, excusez-moi, je suis désolée, la porte était ouverte.
    
    Dans le même temps, elle demeura figée me fixant presque hallucinée, comme victime d’une étonnante apparition. Enfin elle se retira, à reculons. Pendant que Kadour et Claire jouaient avec Quentin, je la rejoignis sur le balcon où elle était toujours confuse et pensive.
    
    — C’est de ma faute. Étant le plus souvent seuls, Kadour et moi nous négligeons de verrouiller la porte et c’est devenu une mauvaise habitude.
    — C’est vrai, vous ne m’en voudrez pas, belle-maman ? interrogea-t-elle, une émouvante larme au coin de l’œil.
    
    Elle poursuivit :
    
    — Quoique Claire m’ait affirmé que vous avez très bien accepté la situation, je comprends que je ne sois pas le gendre idéal et que vous pouviez espérer mieux pour votre fille. Je voulais que tout soit parfait aujourd’hui, je voulais être aussi irréprochable que possible, sans jouer la comédie évidemment et voilà que ce ridicule incident… précisément alors que je pensais que c’était gagné.
    
    Je l’enlaçai afin ...
    ... de mettre plus de chaleur dans mes garanties :
    
    — Ne faites pas un monde de ce que vous venez de qualifier très justement de ridicule incident.
    — Ainsi pour de vrai, vous n’êtes pas fâchée, belle-maman ?
    
    Elle renforça ses paroles d’un câlin sur ma joue puis l’accompagna d’un bisou rapide et apeuré comme si elle craignait de se brûler. Plantant le feu de ses pupilles dans les miennes elle ajouta :
    
    — Je vous aime tellement dès à présent !
    
    C’était bien ce qui m’effrayait, voilà cinq heures seulement que nous nous connaissions et je me sentais moi aussi submergée par une affection qui n’avait rien de maternelle. Une vibrante seconde, nous nous berçâmes de cette bouffée de tendresse pleine de chaleur en nous serrant dans nos bras. Si incident il y eut, en ce jour, ce fut pour moi, à cet instant. Ce ne furent point les trompettes d’Aïcha, mais quelque chose qui s’y apparentait en plus affable et délicat, sur fond de mélancolie.
    
    o-o-O-o-o
    
    Une semaine après, elles s’installèrent chez nous, huit jours encore et j’étais folle amoureuse de mon homonyme. Dans les temps qui suivirent, je ne sus la dévisager sans rougir, j’en vins donc à fuir son regard, puis à la fuir elle, au moins dans les moments qui nous affrontaient seules, en tête-à-tête. Elle était trop fine mouche pour ne pas s’en apercevoir. La charmante garce m’envoûta littéralement. Elle envahit mon esprit et j’en rêvais la nuit.
    
    Un soir, je perçus leurs soupirs étouffés et cela me rendit folle de désir. ...
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