La putain - Histoires de Sexe

La putain

... n’a rien contre Rebecca. Au contraire !
— Solidarité corporatiste !
— Petit con va ! dit-elle en riant. Mais oui, en quelque sorte… Marguerite s’est entichée de la petite, dès le départ. Elle l’a soutenue, conseillée, consolée bien souvent, poussée à quitter le métier. On était prêtes toutes les deux à la prendre en charge. Mais, voilà, tu es arrivé ! Marguerite a tout de suite compris ce qui se passait, sans doute bien avant que vous ne le sachiez vous-même ! Elle vous a observés, avec tendresse. Quand Rebecca lui a annoncé son embauche comme graphiste dans l’agence de publicité, ça a été la fête. Sacré coup de bol quand même, ces concours des Beaux-Arts ! Cela dit, c’est ensemble, qu’elles ont décidées que Rebecca poursuivrait la mascarade de la putain, pour te tester, pour voir jusqu’où tu irais.
— OK, je sais, Steph me l’a dit… Mais pourquoi me parler de tout ça ? Vous n’étiez pas obligée de me raconter… tous les détails ?

Betty me sourit gentiment :

— Parce que je suis sûre que, même complètement toqué de cette petite nana, tu dois te poser des questions ! Je me trompe ?
— Euh, oui… Non !
— T’es jaloux ? Gêné par son ex-… profession ?

Là, je n’hésite pas une seconde :

— Non, ça je m’en fous ! Honnêtement ! J’ai compris le pourquoi du comment, qu’elle n’avait pas le choix. Comme elle me l’a dit, c’étaitjuste un job, pas banal, pas facile, et même très difficile, mais…
— Elle a quand même écarté les cuisses pour pas mal de bonshommes qui…

Je la coupe ...

... :

— Oui d’accord ! Mais avec préservatifs. Et d’ailleurs, pour tout vous dire, enfin…
— Oui ? Vas-y, tu peuxtout me dire !
— Ben… quand on a fait l’amour la première fois, elle m’a dit qu’il n’y avait pas de risque, qu’elle n’avait jamais…fait l’amour… sans capote, de toute sa vie d’ailleurs. Eh bien, moi, je l’ai crue, tout de suite, direct, sans hésiter !
— Et maintenant, tu regrettes, tu te poses des questions, t’as peur qu’elle ne t’ait refilé…

Je la coupe, proclame avec force :

— Non, pas du tout ! J’aitotalement confiance en elle ! Je l’aime, ajouté-je timidement.
— Bien, très bien ! Mais alors, raconte, c’est quoi tes questions ? T’as peur qu’un jour, tu finisses par lui reprocher son ancien job ? Que tu la détesteras à cause de ça, que tu la traiteras de…
— Non ! Si un jour, c’est fini entre nous, si elle part avec un autre, qu’elle me trompe, oui, sans doute, je la traiterai de salope, de putain, de sale p’tite pute. Mais avec une autre, ça serait pareil dans les mêmes circonstances ! Non, tout ça, je m’en fous ! Je m’en tape !
— Alors quoi ?

Non, mais Mamy, tu crois que c’est facile à dire des trucs pareils ?

— Ben, voilà. Je me demande… si on pourra vraiment avoir une relation… normale !

Betty fronce les sourcils, m’interroge du regard. Je reprends, intimidé :

— Ben oui, hier, on… s’est envoyé en l’air toute la journée. Normal non ? Un moment, pendant que…, ben à un moment, ça m’a échappé : je l’ai traitée de putain. Enfin pas elle, c’est ...