1. La rédemption


    Datte: 16/05/2019, Catégories: fh, ff, copains, lettre, Auteur: Lignière, Source: Revebebe

    ... en flux continu, mais surtout des filles rejetées par la famille et qui, souvent, ont été sauvées in extremis d’une noyade "accidentelle". Un jour j’ai eu à prendre en charge un tout petit bout. Elle n’avait que quelques heures, un jour tout au plus et elle n’avait reçu aucun soin. J’ai passé mon après-midi à la laver, la changer et surtout à lui faire boire un biberon. J’ai réussi à lui faire avaler quelques gouttes qu’elle a immédiatement recrachées sur mon chemisier, puis, cette ingrate, s’est endormie contre mon épaule. Je ne savais plus quoi faire avec elle dans mes bras.
    
    Lorsque Philippe est passé me prendre pour rentrer à la maison, je suis partie tout naturellement avec elle. J’ai simplement prévenu l’infirmière de garde. La première nuit a été affreuse, elle pleurait et semblait souffrir. En fait, elle avait simplement faim. Au bout de quelques jours, j’ai décidé de la garder. J’ai immédiatement entamé une procédure d’adoption qui est maintenant terminée. J’ai reçu les papiers officiels de l’ambassade la semaine dernière et maintenant elle est inscrite sur mon passeport, elle est française. Si tu savais combien je suis heureuse. Philippe est à ses pieds. Elle a un peu plus de trois mois et nous ...
    ... l’avons appelée Madeleine.
    
    En fin d’après-midi, lorsque la chaleur commence à tomber, je pars faire de longues promenades dans la campagne environnante. J’ai déniché chez un brocanteur un vieux landau anglais avec des grandes roues. Je l’ai fait refaire et je l’utilise tous les jours. Je lui parle, je lui fais sentir les fleurs ou écouter les petits macaques dorés qui sautent de branche en branche. Ils sont facétieux mais quand même un peu voleurs. Donc Madeleine, il faudra t’en méfier.
    
    Comme toi, j’ai envie de profiter d’elle et attendre encore un moment avant d’en adopter une seconde. Mais je compte bien ne pas m’arrêter là. Je rêve du jour béni où nous serons de nouveau tous réunis. Et pourquoi pas pour les prochaines vacances ? Notre maison est grande, nous pourrons aisément vous accueillir, il fait souvent beau et nous pourrons visiter la région. Il est temps que nos filles fassent connaissance.
    
    Je me hâte de conclure car le cuisinier part en ville, il pourra poster ma lettre.
    
    Si tu savais le bonheur que tu m’as fait de l’appeler Louise. Je crois avoir maintenant tout compris de notre amitié. À nous de transmettre ce sentiment à nos filles. Tu as toute mon affection et toute ma tendresse. 
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