La rédemption
Datte: 16/05/2019,
Catégories:
fh,
ff,
copains,
lettre,
Auteur: Lignière, Source: Revebebe
... Bref, elle lui a donné trois enfants et elle l’ennuie maintenant profondément.
Comment pourrais-je le décrire ? Il a des mains chaudes et des doigts très longs. Il porte sur son visage l’air malheureux des bassets artésiens. À peine plus de quarante ans et pas désagréable physiquement. Très vite, comme tu dois t’en douter, il m’a fait des propositions très malhonnêtes. Mais il est d’une naïveté ! Il voyait bien un restaurant, très chic, puis un verre à la maison et un retour aux aurores chez sa belle. Il a dû déchanter le pauvre. J’ai accepté ses marques de tendresse, mais dans son bureau uniquement. Il en était malade car il ne ferme pas à clé. Tu imagines une infirmière découvrant le grand patron le pantalon baissé, en train d’honorer une visiteuse. Moi, j’étais pliée sur sa table de travail, la jupe retroussée et les pieds largement écartés. Il a cependant pris son temps et je ne regrette pas cette expérience. Il a été tendre et endurant. Après, il était tout fou comme s’il avait réalisé un exploit.
Depuis, nous avons recommencé évidemment, souvent dans son bureau, une fois dans une chambre de malade inoccupée et aussi chez lui, dans le lit conjugal alors que sa femme était au ski. Il est attendrissant, mais il ne m’apporte pas grand-chose de plus que les autres. J’ai espacé nos rencontres. Oui, oui, tu as bien deviné, il le prend assez mal.
Grande nouvelle, mon cœur chéri ! Tu ne devineras jamais. Il y a quinze jours, j’ai été conviée avec Philippe à une ...
... soirée organisée par son patron. Il fallait, paraît-il, absolument que j’y participe, car le grand manitou débarquait spécialement de Londres. La belle affaire. Imagine tous ces petits chefs avec leurs nanas coincées en train de minauder autour d’un buffet campagnard au Cirque d’Hiver ! J’avais décidé de rester très distante, un peu pimbêche sans un mot, sans un regard pour quiconque. Je suis ici contre ma volonté et je m’emm… Le fameux grand patron, Dennis, ressemble à un grand dadais marié à une petite garce prétentieuse. C’est à cette occasion que j’ai découvert que Philippe avait été pressenti par le conseil d’administration pour créer une filiale en Inde et qui sera installée à Pune une ville de quatre millions d’habitants située à cent kilomètres de Bombay. En fait, l’objectif de la rencontre était de me mettre en condition pour accepter un déménagement là-bas.
J’ai hurlé de rire et assuré immédiatement Dennis que mon mari avait toute liberté pour répondre aux attentes de la compagnie qui l’emploie, mais que, pour ma part, il était ridicule d’imaginer une seule seconde que je puisse aller habiter dans cette Pune. Non merci, je ne me vois vraiment pas vivre habillée en sari, le visage maquillé avec du henné et sortir nu-pieds dans la rue pour aller caresser une vache fût-elle sacrée. Bref, mon Philippe va beaucoup me manquer. Il part la semaine prochaine et m’a fait jurer de le rejoindre pour cet hiver. Il peut compter sur moi. En plus, il a eu le culot de suggérer ...