La rédemption
Datte: 16/05/2019,
Catégories:
fh,
ff,
copains,
lettre,
Auteur: Lignière, Source: Revebebe
... te prie, à m’écrire, j’aime tant te lire, tu me fais sourire, tu me fais rire, tu me fais vivre.
Ottawa, le 15 janvier 2006
Il y a si longtemps que je n’ai pas eu de tes nouvelles. Ton silence m’attriste. Je sais que je t’ai fait de la peine, mais je n’avais pas le choix, d’autant que je suis follement heureuse. J’ai accouché le trente novembre comme l’avait prévu mon médecin. C’est une petite fille mignonne comme un cœur, un tout petit modèle qui faisait deux kilos et mesurait quarante-huit centimètres. Elle est belle, tu ne peux pas savoir. Elle a tout d’Alain, l’implantation des cheveux, la forme du visage, la couleur des yeux. Il en est très fier d’autant que tout le monde lui répète à l’envi : « Mais, Alain, c’est votre portrait tout craché. »
Déjà il a commencé à suggérer qu’il faudrait, dans les mois à venir, penser à lui donner un petit frère ou une petite sœur. J’ai un peu calmé ses ardeurs. Je tiens à en profiter et je ne me sens pas la vocation d’une poule pondeuse. J’y pense pour dans deux ans au plus tôt. Pour le moment je la nourris, je la câline, je la pouponne et je passe tout mon temps avec elle. Compte tenu de la température extérieure, nous ne pouvons pas sortir, mais, aux beaux jours, nous ferons toutes les deux de longues promenades.
Je pense à toi chaque jour, je souhaite de tout mon cœur que tu vas bien et que j’aurai le bonheur d’avoir au plus vite de tes nouvelles. Je t’embrasse avec toute ma tendresse.
NB : J’allais oublier, la petite ...
... se prénomme Louise.
Pune, le 10 mars 2006
Comme je suis heureuse de ces bonnes nouvelles. Je viens tout juste de recevoir ton courrier qui a transité par Paris d’où maman me l’a réexpédié. Ne m’écris plus là-bas car j’habite maintenant à Pune avec Philippe. Je suis arrivée au mois de mai dernier. C’était juste le début des moussons et j’ai un peu souffert pour m’acclimater. Maintenant ça va beaucoup mieux et je commence à me sentir un peu chez moi.
L’affaire de Philippe prospère bien, du fait du faible coût de la main d’œuvre et des décisions avisées de son dirigeant ; je plaisante. Cela dit, il est vrai que Philippe a changé, il a mûri, il a pris de l’assurance, de l’épaisseur je devrais dire. On sent que l’on peut compter sur lui. Les deux premiers mois, nous avons vécu à l’hôtel puis j’ai fini par dénicher, dans la banlieue résidentielle, une vieille maison coloniale entourée d’un grand jardin magnifique. Ici il y a de l’eau à profusion, et avec la chaleur tout pousse très vite. Nous avons des palmiers, des frangipaniers, quelques manguiers et plein d’arbustes recouverts des fleurs toutes plus colorées les unes que les autres. Je dispose d’un personnel de maison qui me soulage dans mes tâches domestiques car je consacre le plus gros de mon temps à ma fille.
Eh oui, je te surprends mais c’est la pure vérité. Pendant les premiers mois, je m’ennuyais un peu et je me suis proposée pour aider la Mission voisine qui recueille des enfants abandonnés. Il leur en arrive ...