1. Dernier combat


    Datte: 14/05/2019, Catégories: ff, freresoeur, amour, Oral fantastiqu, fantastiq, Auteur: Calpurnia, Source: Revebebe

    ... au moins trente degrés. Nos peaux sont couvertes de sueur et d’huile mêlées. Nous nous étreignons de toutes nos forces, pour nous exalter de nos odeurs de transpiration. L’obscurité est maintenant presque totale : le ciel est dégagé et seul un fin croissant de lune nous éclaire. Notre ville est lugubre. Avant, elle était comme une rivière de diamants sur le cou d’une reine, avec mille feux multicolores et clignotants, lampadaires et enseignes lumineuses, phares et fenêtres éclairées. Elle avait toute l’année un air de fête, celle de l’abondance et de l’optimisme. Gâtées par trop de spectacles, nous en étions blasées jusqu’à ne plus le voir. Jusqu’au bord du gouffre, les gens riaient, insouciants, et s’enivraient de produits de consommation d’une manière qui semblait sans limites. Avec la fin de la civilisation, les ténèbres ont tout recouvert d’une manière uniforme.
    
    Nous entendons l’inexorable progression des zombies dans les étages. Leur souffle est court et leurs pas sont lents, lourds, irréguliers. Ils ne parlent jamais : à peine s’ils émettent de vagues grognements. C’est le grondement sourd d’une marche malhabile. Ils n’éprouvent pas la fatigue, ni la douleur, même lorsque leurs membres sont mutilés par nos balles. Encore moins la pitié face à un ennemi submergé : ils vont en premier vers ceux qui leur semblent les plus vulnérables. Leur bruit se fait plus net : ils approchent. Notre dernier rempart sera bientôt attaqué. À mes côtés, Iris tient nerveusement le fusil ...
    ... ; j’entends sa respiration saccadée et pose ma main sur la sienne pour la calmer. Ce n’est pas le moment de perdre les pédales.
    
    Ils ont dû unir leurs forces pour parvenir à faire basculer l’armoire qui leur barrait le passage. Celui-ci est étroit et ils doivent le franchir un par un : c’est notre chance. Le premier assaillant à tenter de ne nous atteindre est abattu d’une balle soigneusement ajustée, en plein cœur. Un second, puis un troisième le rejoignent presque aussitôt. Bientôt, un tas de cadavres gêne leur passage, mais leur offre également un rempart qui les rend difficiles à repérer à cause du manque de lumière. Il est plus que jamais indispensable d’économiser les munitions, en essayant le plus possible d’en abattre deux en enfilade, d’une seule balle. Il faut recharger le plus vite possible, pour ne pas se laisser déborder.
    
    Plus qu’une cinquantaine de cartouches. Plus que vingt. Que dix. La dernière cartouche est pour une femme qui devait être jolie avant d’être contaminée par le terrible virus, et vient enfin la libérer du fléau qui emprisonnait son esprit. Elle s’écroule sur les corps inertes de ses prédécesseurs, dans un bruit de chair flasque et répugnante. Restent les haches, qui nous imposent un dangereux combat au corps à corps.
    
    Leurs os sont rendus fragiles par leur transformation. Il est possible d’en décapiter trois d’un seul mouvement continu, ou d’en trancher un en deux parties verticales, du sommet du crâne jusqu’au sexe. Leur sang ne gicle pas ...
«12...678...12»