1. La nuit


    Datte: 27/02/2018, Catégories: nonéro, fantastiqu, fantastiq, Auteur: café-clope, Source: Revebebe

    ... accédaient sont presque à vue d’œil devenus des faibles lueurs comparables à des feux follets. Le clair de lune, qui laissait voir les ruelles avoisinantes sur quelques dizaines de mètres depuis le centre de la place, muées en corridors d’insondable obscurité. J’ai fixé un long moment la façade du bureau de poste, dont l’extrémité la plus éloignée de moi semblait progressivement rongée, comme la surface terrestre plonge dans le cône d’ombre de la lune lors d’une éclipse.
    
    Lorsque j’ai détourné les yeux, j’ai cru un instant qu’il était trop tard. L’ombre m’entourait vraiment, et ma voiture était devenue invisible. Heureusement, je savais encore où je l’avais garée, et j’ai pu la retrouver en me dirigeant de mémoire, vers l’endroit où je l’avais laissée, et où je devais censément la retrouver. Lorsque j’ai ouvert la portière, la lumière était très nettement affaiblie. Je distinguais à peine les détails du tableau de bord, et mes vêtements sombres semblaient se fondre dans une sauce gluante, épaisse et noire. Le mouvement grouillant semblait visible presque à l’œil nu. Ou alors était-ce le fruit de mon imagination ? J’ai démarré et j’ai foncé. Fort heureusement, la police ne patrouillait pas, à cette heure-là. Lorsque je suis arrivé, le temps de remonter chez moi, et de m’enfermer, tremblant, les mains moites, surexcité, je me suis aperçu qu’une bande rosâtre apparaissait à l’horizon – sans que la lune ou les étoiles soient plus visibles que quelques heures auparavant ! Le ...
    ... jour, déjà ! C’est avec un soulagement sans pareil que j’ai accueilli le soleil, la chaleur, le ciel bleu. Mais passé l’euphorie des premières heures de la matinée, durant lesquelles je me suis comporté comme un survivant qui reprend goût à la vie,
    
    j’ai vite pris conscience de ce que tout cela n’aurait qu’un temps, et que le soir reviendrait, et dans ses flancs, « ça » aussi. Bon sang, qu’est-ce que « ça » voulait ? J’ai passé la journée à aller et venir, comme un fou dans une cellule. Que faire ? J’ai décidé alors de me calfeutrer une nouvelle fois, en laissant dès le coucher du soleil toutes les lumières allumées.
    
    Lorsque le soir est finalement venu, après de nombreux cendriers pleins et des disques chargés et retirés avec des gestes d’une nervosité encore jamais vue, j’ai laissé les volets du salon entrouverts. Rien. J’ai attendu des heures, rien. Les étoiles étaient toutes là, du moins celles que la couche de pollution propre à la grande couronne parisienne laissaient voir. La lune, aussi. Bien. C’était très bien, comme ça. Que « ça » ne revienne jamais plus ! J’ai dormi toutes lumières éteintes, la fenêtre et les volets de ma chambre grands ouverts, en laissant les rayons de lune envahir la pièce.
    
    Le lendemain, j’ai fait la grasse matinée. J’ai parlé avec Théo, qui est revenu de vacances et qui est passé me dire bonjour. J’ai regardé une vidéocassette oubliée au fond du meuble, sur laquelle j’avais enregistré des semaines auparavant un affligeant film de seconde ...
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