1. La nuit


    Datte: 27/02/2018, Catégories: nonéro, fantastiqu, fantastiq, Auteur: café-clope, Source: Revebebe

    Le 27/08/1998,
    
    Quand j’étais petit, j’adorais regarder la nuit. D’ailleurs, même adulte, cela faisait partie des plaisirs simples de mon existence. Les lumières qui s’allumaient jouaient les anges gardiens, substituts de vie éparpillés pour signifier que l’on était toujours là, bien qu’endormis, vivants. Des veilleuses, tranquilles, pour nous protéger d’un agresseur qui n’a jamais existé. Enfin, dont je croyais jusqu’à présent qu’il n’existait pas. Mais je crois bien m’être trompé. On me traitera certainement de fou, ou de fabulateur. Pourtant, ce que je m’apprête à coucher par écrit ici est la stricte vérité, du moins ce qui m’est apparu comme tel. J’aimerais pouvoir me dire que je me trompe, que je suis en proie à un délire psychotique paranoïaque, que tout cela n’est que le fruit de sombres fantasmes, de phénomènes mal interprétés, mais rien ne vient expliquer ou contredire ce qui s’est passé…
    
    Je n’ai jamais eu peur du noir, pourtant, depuis plusieurs jours, rien ne me terrifie plus que l’obscurité nocturne, comme si une peur infantile, dont je n’ai par ailleurs jamais souffert, m’avait rattrapé. Mais ce n’est pas une de ces peurs irraisonnées, comme celle du monstre dans le placard ou sous le lit. Je sais parfaitement de quoi j’ai peur. Pas si précisément que ça, j’en ignore la nature exacte, mais il ne s’agit pas d’un Croque-mitaine quelconque à peine entraperçu dans un livre de contes pour faire peur aux enfants. Je l’ai vu tous les soirs, depuis plusieurs ...
    ... semaines.
    
    Ça semble déterminé, mais à quoi ? Voilà ce qui est le plus inquiétant… Je l’ai approché, je l’ai touché, ou peut-être est-ce « ça » qui m’a touché, je n’en sais rien. Mais c’est bien là. Même pendant le jour, je le sens, tapi dans n’importe quel recoin d’ombre. Je l’entends presque frapper aux carreaux à partir de cinq heures de l’après-midi. Depuis plusieurs nuits, je ne dors presque plus, le guettant fiévreusement. Ironiquement, cet état dans lequel je me retrouve chaque soir à partir d’une certaine heure me rappelle un peu ce que j’éprouvais le soir de Noël, lorsque, tout petit, je guettais seul dans ma chambre, bien éveillé, tout excité, pour surgir et essayer de distinguer le vieux monsieur à barbe blanche vêtu de rouge qui déposait les paquets. Mais là, c’est une affaire différente. Je reste éveillé, et ce que j’attends, je sais que je vais le voir, je le REDOUTE.
    
    Tout a commencé, je crois, il y a presque deux mois, maintenant. Je regardais la ville, la nuit était tombée. Je fumais une dernière cigarette avant d’aller me coucher, et contemplais les lumières et les étoiles. Le ciel était très clair, et la météo ne prévoyait pas la moindre perturbation avant les huit prochains jours. Pourtant, une chose m’a intrigué : alors qu’il n’y avait pas de lune visible, à l’horizon, dans la direction approximative du Nord, on ne distinguait presque aucune étoile. Le soleil était déjà couché depuis deux heures, et aucune lumière résiduelle ne pouvait être la cause de cela. ...
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