1. La nuit


    Datte: 27/02/2018, Catégories: nonéro, fantastiqu, fantastiq, Auteur: café-clope, Source: Revebebe

    ... Alors, que se passait-il ? Le Grand Chariot était presque invisible, et même Vénus, au-dessus de l’horizon, paraissait bien petite et très pâle. Il y avait toute une zone où les étoiles semblaient « filtrées » par quelque chose d’épais, opaque. Ce n’étaient pas des nuages : les lumières de Paris, dans le lointain, auraient créé un genre de halo en se reflétant sur une quelconque masse nuageuse. C’était parfaitement noir.
    
    Attribuant cela à une couche de pollution ou de brume en formation, je ne me suis posé ce soir-là aucune question. Les quelques soirs qui ont suivi, je n’ai constaté presque aucune progression dans le phénomène, il y a même eu des soirs où tout paraissait normal. Je ne m’alarmais pas. Puis un soir, comme ça, d’un coup, plus de la moitié du ciel était occultée. Les étoiles n’y apparaissaient plus. Cela m’a marqué, car on jouissait depuis un bon moment d’un ciel d’une clarté incomparable depuis plusieurs jours, et la masse anticyclonique ne semblait pas décidée à nous faire faux bond avant un bon moment. Ce n’était donc pas une masse nuageuse… Intrigué par le phénomène, j’ai décidé de fixer mon attention dessus.
    
    Pendant plusieurs heures, j’ai observé. Et j’ai noté que la limite supposée de « l’ombre » avait progressé de façon sensible au cours de la nuit. J’aurais pensé un instant que c’était lié à la rotation de la Terre, mais, née à peu près au Nord, son axe de progression l’emmenait vers le Sud, et donc, il était exclu que cela soit lié d’une manière ...
    ... ou d’une autre à la rotation terrestre. Perplexe, je me suis précipité le lendemain à la bibliothèque pour emprunter les plus gros ouvrages de météorologie et d’astrophysique pour voir s’il y avait référence à ce genre de phénomènes, et de quoi il s’agissait.
    
    J’ai eu beau chercher, je n’ai rien trouvé d’approchant. S’il s’était agi de pollution, un tel pouvoir obscurcissant aurait signifié qu’il aurait été impossible à qui que ce soit de sortir de chez lui, et ce même le jour durant. Mais le phénomène avait disparu le matin, et le ciel était clair et limpide… Astronomiquement parlant, rien d’approchant n’était répertorié dans les phénomènes visibles depuis la Terre. J’ai refermé le dernier livre en haussant les épaules. Après tout, je pouvais attribuer ceci à la fatigue que je pouvais éprouver à observer fixement le ciel. Je m’étais peut-être imaginé des choses. Après tout, lorsque l’on observe longtemps et fixement quelque chose, l’image ne se fait-elle pas plus floue, plus terne ? Ou encore, peut-être s’agissait-il de ces phénomènes inexpliqués, dont l’origine est obscure, qui n’ont pas la moindre conséquence, et dont personne au sein de la communauté scientifique se soucie parce qu’il n’y a rien à gagner à l’étude de ce genre de manifestations ? Alors, j’ai décidé d’observer le ciel une fois de plus lorsque la nuit tomberait.
    
    Évidemment, c’était là. Obscur, insondable. Ça dévorait bien, à ce moment-là, deux tiers de la voûte céleste. J’ai été surpris de constater que ...
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