1. La nuit


    Datte: 27/02/2018, Catégories: nonéro, fantastiqu, fantastiq, Auteur: café-clope, Source: Revebebe

    ... alors décidé de guetter le phénomène tranquillement, la cafetière à la main. J’ai passé quelques heures ainsi, enchaînant les tasses de café. Après l’épuisante nuit blanche que j’avais passée, inévitablement, je me suis endormi. Lorsque je me suis réveillé, le fond de café dans la cafetière, et tout ce que la tasse que j’avais lâchée avait répandu sur ma jambe de pantalon, étaient froids. Le ciel était d’un noir opaque. Aucune étoile. J’ai consulté ma montre : son écran fluorescent avait perdu un peu de sa brillance. Il était près de trois heures du matin. Pas une étoile, ni même un morceau de lune, rien. Le plus frappant était certainement le fait que même les lumières de la ville semblaient ternies, moins vives, décolorées… « Ça » se déposait sur la ville !
    
    Connaissant par cœur les environs de mon immeuble, je suis descendu sur le parking pour y observer ce qui se passait. Les lampadaires semblaient luire avec moins de force, leur halo plus étroit. L’ombre projetée par les voitures, où d’ordinaire j’arrivais à distinguer même vaguement la silhouette d’un chat en mouvement, était devenue complètement insondable ! Il fallait que je me rende à l’évidence : d’une manière ou d’une autre, la nuit « s’épaississait » et tombait, comme une brume…
    
    Je me suis demandé immédiatement à qui je pourrais en parler. Personne, à mon avis, ne me prendrait au sérieux, car finalement, je n’avais remarqué ce phénomène que suite à une observation assidue, plusieurs soirs de suite, du ciel ...
    ... et de la nuit. Mais qui d’autre avait pu remarquer « ça » ? Si on s’était alarmé du phénomène, j’en aurais entendu parler… Il me paraissait plus qu’évident que, si je n’imaginais rien, j’étais bien le seul, en tout cas l’un des rares, à avoir remarqué ce qui se passait. Je me suis approché de ma voiture, pour en observer l’ombre projetée : pas un détail n’était visible, on aurait dit qu’une espèce de tissu d’un noir très pur pendait en dessous, empêchant le moindre photon de passer.
    
    Je suis remonté, j’ai pris en toute précipitation mes cigarettes, mes papiers et je suis parti en direction de Paris, par les départementales que je connaissais. Il me fallait voir si le phénomène se produisait de la même manière ailleurs. Je me suis arrêté quelques minutes plus tard sur la place du marché de Mérielles, petit village à côté d’Amery, où je réside. Le ciel était clair, les étoiles visibles, et même un croissant de lune. Le phénomène était donc local à chez moi, et ne devait pas avoir plus de trois ou quatre kilomètre de diamètre, Amery n’est pas si grande. Rassuré, je me suis assis sur un banc, en fumant une cigarette, décidé à passer un moment sous ce ciel normal. Je fixais la voûte céleste depuis plusieurs minutes quand j’ai eu l’impression que le sol se dérobait sous mes pieds : à Mérielles aussi, le ciel était en train d’être dévoré par… « ça » ! En quelques minutes, le ciel est devenu noir, les quelques lampadaires qui éclairaient pauvrement la place et les ruelles qui y ...
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