1. Rhapsody in blue - Première partie


    Datte: 17/04/2019, Auteur: Lilas, Source: Revebebe

    ... ça.
    
    – Je vais prendre un yaourt, dis-je brutalement. Tu as faim ?
    
    – Euh… il est tard ?
    
    – À peine vingt-trois heures trente.
    
    – Je préfère ne rien manger.
    
    Même pas moi, pensé-je en moi-même.
    
    – Écoute, Eva…
    
    Je n’écoute pas. Je me dirige vers la cuisine, et décide finalement de croquer une pomme. Lorsque je reviens dans le séjour, mastiquant énergiquement, tu es en train de fermer les stores avec application. Puis tu allumes la petite lampe bleue du chevet, et éteins le plafonnier. Sentant mon regard sur toi, tu te tournes subitement vers moi. Ton regard a le reflet de la curiosité. Une curiosité un peu lasse.
    
    – Elle est bonne, ta pomme ? fais-tu avec un léger sourire.
    
    – Mm-oui.
    
    Nous nous regardons fixement. Ma mastication ralentit, stoppe tout à fait…
    
    – Pourquoi tu ne veux pas que je te regarde ? demandes-tu d’une voix basse.
    
    Je détourne encore une fois la tête, pour m’absorber dans la contemplation d’une photo accrochée au mur. Des montagnes dentelées, des herbes folles, un sol sec et jauni, un ciel bleu foncé et des oiseaux, loin, près du soleil.
    
    – Tu as été là-bas ?
    
    – Oui, j’y ai fait du camping, avec un très bon ami.
    
    – C’est où ?
    
    – Eva…
    
    Je n’y tiens plus.
    
    – S’il te plaît, arrête de dire mon nom de cette façon-là, ne me regarde plus, et va te coucher.
    
    Ma voix acerbe te fait sursauter. Je croyais ma colère endormie, mais elle revient en force. J’ai été blessée dans mon amour-propre, et à voir ta tête, soudain je ...
    ... regrette d’en avoir un !
    
    Tu fais quelques pas vers moi, puis t’arrêtes, la lumière de la lampe dans ton dos. Dans la pénombre, je ne peux pas distinguer les nuances de ton regard.
    
    – Dis-moi ce qui ne va pas. Il n’est pas si tard, je peux parler avec toi. Est-ce que j’ai dit ou fait…
    
    – Je ne veux pas que tu t’imagines que j’ai un besoin vital de me mettre au lit avec toi ! explosé-je sans plus pouvoir m’en empêcher. Je ne veux pas que tu t’adresses à moi avec cette voix de macho sûr de lui ! Pourquoi est-ce que tu crois que toutes les filles meurent d’envie de coucher avec toi, rien qu’en te regardant ?
    
    Je m’arrête une seconde pour reprendre mon souffle, et suis satisfaite de trouver sur ton visage l’empreinte de la vexation masculine.
    
    – Je ne suis plus une de tes conquêtes, continué-je, alors arrête de me traiter de cette façon ! Et de ce que j’ai enviemoi, tu y as pensé ?
    
    Je te tourne subitement le dos, et finis ma pomme en revenant dans la cuisine plongée dans le noir. Tu m’y as hélas suivie. C’est lorsque je me redresse de la poubelle où je viens de jeter le trognon, que je me heurte brutalement à toi dans l’obscurité. Tu attrapes alors mes poignets.
    
    Ça y est, tu me fais le grand numéro ! Et moi qui voulais à tout prix éviter une de ces scènestragicomiques dont sont truffés les romans d’amour populaires ! Ma parole, mais tu tiens vraiment à ce que tout ça devienne ridiculement niais…
    
    – Lâche-moi, dis-je d’une voix basse et menaçante.
    
    Tu obéis, non sans ...
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