Mardi 25 février 2048 - Histoires de Sexe

Mardi 25 février 2048

... ; je sais maintenant à quoi m’en tenir sur la place qui m’était échue dans ce jeu de dupes, mais je ne comprends pas encore la genèse de cette manipulation. Une jeune femme m’apporte un plateau-repas ; je dévore les croissants. On frappe à la porte ; Jean-Joseph entre, appuyé sur une canne. Je m’enquiers de son état de santé.

— Je me suis juste tordu la cheville ; mais je ne suis pas venu pour cela. Je crois que je vous dois une explication.
— En effet, cela s’impose !

Mon ton est froid, limite glacial. Jean-Joseph accuse le coup sans sourciller.

— Depuis presque un an, des intrusions ont forcé notre système de sécurité. En fait, il est bien possible que ce soit depuis plus longtemps. Nous nous en sommes aperçus de façon fortuite : un ingénieur travaillant sur la maintenance des serveurs s’est rendu compte que des adresses DNS revenaient régulièrement et qu’elles ne correspondaient à aucune personne référencée. Le plus inquiétant, c’était que ces codes pénétraient jusqu’au noyau central. On ne peut accéder à ces données qu’avec des habilitations uniquement délivrées aux onze responsables du premier cercle. Avec Hélène et Selma, nous avons pensé monter un écran de fumée dont vous avez été la pièce centrale.
— Vous vous êtes servi de moi comme d’une chèvre en plein champ attachée à un piquet. Charmant !
— Je n’irai pas jusqu’à cette métaphore ; l’envie de dévoiler en partie notre histoire me travaillait depuis un certain temps, mais j’avoue que cela a précipité ma ...

... décision. Je ne pensais pas que nous en arriverions à cette situation. Deux options se présentent maintenant : soit nous vous ramenons à la vie, soit vous disparaissez, nous vous redonnons une identité, les moyens de refaire une autre vie dans le pays que vous désirez. Je sais que vous ne n’avez pas beaucoup d’attaches en France.
— Est-ce que, au moins, cela a permis de réduire la liste des suspects ?
— Il n’en reste plus que trois susceptibles d’avoir trahi.
— Où sommes-nous actuellement ?
— Chez un ami sûr en Albanie.
— Et pour le livre ?
— Nous aviserons à la fin de l’affaire. Je n’ai pas pris de décision sur la publication.
— Merci de votre franchise pour mon cas ; je vais prendre le temps de la réflexion et je vous donnerai une réponse au plus tard dans la journée de demain.
— Je n’en attends pas moins de vous. Je vous laisse vous reposer. Il y a une personne qui veut vous remercier.

Derrière Jean-joseph apparaît Hélène, la pommette tuméfiée, mais avec un large sourire, habillée d’un jean et d’un chemisier ample où ses seins vivent librement leur vie. Elle se penche vers moi ; son parfum m’ensorcelle, et dans l’échancrure du chemisier, la gorge opulente de sa poitrine me saute au visage. Elle m’embrasse sur la joue, près de la commissure de mes lèvres.

— Merci. Sans vous, je serais morte.

Selma entre dans la pièce. Elle se déplace de l’autre côté du lit et m’embrasse aussi, mais moins chastement : sa langue force mes lèvres et s’insinue dans ma bouche. Je ...