1. Les obsèques joyeuses


    Datte: 14/04/2019, Catégories: fh, historique, policier, Auteur: Claude Pessac, Source: Revebebe

    ... donc par ici !
    
    Et comme l’homme s’exécute, elle en attrape un troisième par la queue qu’elle branle avec ardeur !
    
    Depuis un moment déjà, Sylvette s’est éloignée des tables et réfugiée chez elle. Par la fenêtre entrouverte, la donzelle observe stupéfaite le déroulement des événements. Elle n’est pas une oie blanche, elle a déjà connu et même participé à l’une ou l’autre fêtes paillardes, mais jamais elle n’a été témoin de tels débordements. À croire qu’un vent de folie s’est abattu sur la cour du château. Sont-ce là les effets des épices qui aromatisaient généreusement les viandes ou du vin rouge, inconnu des gueux d’ici habitués au blanc ; la jeune femme pense plutôt que c’est la délivrance inattendue provoquée par la mort du Comte qui libère ainsi les esprits et abolit les pudeurs. Chacun, semble-t-il, veut s’exorciser de la peur qui a plombé l’air du Comté depuis si longtemps et aucun débordement n’est à la mesure de la terreur subie.
    
    Le spectacle de ces couples déchaînés n’indiffère pas la jeune femme. La main sous la chasuble, Sylvette se caresse au rythme des ébats des villageois. Le feu du désir brûle entre ses cuisses. Si elle a quitté la fête, c’est d’abord parce que l’étrangère qu’elle est et demeurera toujours aurait risqué de subir des assauts par trop violents à son goût de quelques villageois vindicatifs. C’est aussi et surtout parce que son galant n’est pas là. Sylvette enrage de son absence. Au soir de la mort du Comte, Sylvette était venue ...
    ... discrètement rejoindre son galant pour une folle nuit de douceurs, de caresses et de bonheurs maintes fois renouvelés. Le lendemain matin, elle s’était réveillée seule dans la maison du présumé bossu. Le maraud était sorti, sans la réveiller, sans la prévenir et n’avait plus pointé son nez depuis deux jours. Même les funérailles et ses agapes offertes ne l’ont pas fait reparaître.Gageons qu’il est encore fourré avec son Révérend Père !
    
    Durant ces deux jours et même pendant la nuit, son absence ne lui a pas trop pesé, occupée comme elle l’était. Les travaux de retouches pour la Comtesse et quelques autres dames du château l’ont occupée le premier jour et toute la nuit sans relâche, et ce matin, la Comtesse Kirsten l’a à nouveau fait mander au château : encore des robes à ajuster, d’autres surplis à reprendre…
    
    Sylvette aime beaucoup Dame Kirsten. Depuis son arrivée dans le Comté deux ans plus tôt, la petite ravaudeuse est la confidente privilégiée de la jeune Comtesse. Que leurs conditions soient fondamentalement opposées ne les a pas empêchées de se lier, leur même âge n’étant pas leur seul point commun. L’une et l’autre cultivent une farouche franchise, une vraie indépendance d’esprit et le refus des convenances. Maintes fois, Kirsten s’est ouverte à son amie de ses insatisfactions, des brimades qu’elle subissait, de ses rêves très fleur bleue et de son aversion pour les choses du sexe. Sylvette, elle, n’a eu de cesse de vanter les délicieuses plénitudes apportées par les ...
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