1. 1902 - Eugénie à Paris (1)


    Datte: 14/04/2019, Catégories: Lesbienne Auteur: Orchidée, Source: Xstory

    ... téléphone ?
    
    La jeune fille avait connaissance d’une invention d’Alexander Bell qui permettait de communiquer à distance, elle ne s’attendait pas à en trouver un exemplaire sur le bureau en bois précieux d’une chambre d’hôtel.
    
    — Oui, sourit Natalie avant de dégager sous l’épaisse chevelure le cou de sa conquête.
    
    Elle couvrit la peau tendre d’une guirlande de baisers, prête à toutes les audaces. La manifestation d’une présence derrière la porte lui commanda de patienter un peu.
    
    — Entrez !
    
    L’épais tapis de laine atténua le grincement désagréable des roues du chariot chargé de victuailles. La cliente fortunée n’avait pas hésité à faire réveiller un des cuisiniers de l’hôtel afin de calmer une petite faim. Eugénie rougit.
    
    — Laissez, merci.
    
    Le départ de la gouvernante adoucit à peine les battements paniqués dans sa poitrine. La relation charnelle entre deux femmes n’entraînait plus une condamnation à mort, ni même l’enjôlement, mais vivre méprisée ne valait guère mieux.
    
    — Je vais faire de toi la reine de Paris, susurra Natalie à son oreille. Alors peu importe au lit de qui tu t’épanouiras, tous tomberont à tes pieds. La gloire amène la fortune, qui à son tour donne le pouvoir. Mangeons maintenant, ma douce Eugénie, que ce souper soit le hors d’œuvre d’un festin des sens. Quand le soleil me surprendra à t’aimer encore et encore, il en rosira de jalousie.
    
    Sous le charme des mots doux, la jeune fille se laissa embrasser ; les lèvres sur sa bouche avaient ...
    ... un goût de champagne sucré. Parfois, au sortir d’un rêve troublant, elle ressentait la brûlure d’une main sur ses seins gonflés, ou entre ses cuisses serrées l’une contre l’autre dans l’inconscience du sommeil. Pourtant, jamais le besoin ne s’était fait aussi impérieux d’abandonner toute fausse pudeur face à la naissance d’un désir jusque-là ignoré.
    
    Natalie couvrit de sa bouche les tempes d’Eugénie. Peut-être celle-ci allait se raviser, s’excuser d’avoir attisé un brasier qu’elle ne saurait éteindre. Il n’en fut rien, l’ingénue réclama les lèvres de sa préceptrice, puis sa langue. Elle retrouva dans la profondeur du baiser le secret de l’inconvenance entraperçu avant le souper, ses narines expulsèrent un soupir de soulagement.
    
    Soucieuse de se montrer à la hauteur des espérances, la jeune fille dénoua le galon du col de sa robe ; sa protectrice appréciait de la voir nue dans l’atelier de Mary, pourquoi en serait-il autrement ici, à l’instant de devenir amantes ? La dentelle résignée glissa à ses pieds en silence.
    
    — Laisse-moi faire, gronda Natalie d’une voix rauque.
    
    Le démon de la chair l’avait hantée toute la semaine, rien ne devait faire obstacle au cérémonial, elle poussa sa proie devant l’armoire à glace Louis XVI. Eugénie ferma les yeux d’instinct, un reliquat de pudeur lui interdisait d’observer la présence dans son dos, dont le souffle réchauffait sa nuque d’une impatience démonstrative.
    
    — Non, regarde.
    
    Natalie enveloppa les seins délicieusement galbés ...
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