1. Les pensées d'autrui


    Datte: 06/04/2019, Catégories: fh, couple, médical, Oral fantastiqu, h+medical, Auteur: Louvilneau, Source: Revebebe

    ... me bouger. Si vous voulez, je peux rester un peu avec vous, le temps que le produit agisse.
    
    Sans même attendre ma réponse, elle prend le fauteuil, le retourne pour que l’on puisse se voir en face et s’assoit à côté de moi.
    
    Elle a l’air épuisée, des cernes bleuâtres entourent ses yeux et sa peau est grise, blafarde. Elle me sourit mais son sourire est rempli de chagrin. Elle s’accoude sur le lit et je peux lui prendre la main.
    
    C’est un déferlement. Dans une lumière jaune sale, presque caca d’oie, un embrouillamini de pensées fulgurantes. Il me faut quelques instants pour reprendre pied et essayer d’y voir clair. En même temps, de façon presque autonome, ma bouche avait dit :
    
    — Vous avez l’air exténué. Il y a longtemps que vous faites le service de nuit ?
    
    C’est bizarre d’entendre ma voix en écho dans son esprit. Je perçois sa réponse avant qu’elle ne la prononce :
    
    — Ça fait quatre mois, depuis que mon mari est au chômage. On a la maison à payer…
    
    « … et depuis, il glande… il cherche plus… »
    
    Éclair jaune vif (jalousie ?) :
    
    « … et là, je suis sûre que Jean-Marc est avec la voisine… »
    
    « … il me regarde même plus… »
    
    « … c’est vrai que je suis moche ! … »
    
    Un silence. Il ne faut pas que ça se prolonge :
    
    — Qu’est-ce qu’il faisait comme métier ?
    — Dépanneur en électroménager et en hi-fi.
    
    Tiens, j’ai formé des élèves dans ce métier !
    
    — Et c’est quel nom ?
    
    Elle me montre son badge :
    
    — Thuyez, comme moi.
    
    Je lis : Mélanie Thuyez, ...
    ... infirmière.
    
    — Attendez, j’ai eu un Jean-Marc Thuyez comme élève en cours du soir.
    — C’est lui, certainement. Il a suivi des cours il y a 8 ans à peu près.
    — Ça alors, le monde est petit ! Et vous dites qu’il est au chômage ?
    
    Elle regarde mon nom sur la fiche au mur et je perçois tout un mélange de pensées. Je ne saisis pas tout :
    
    « … Debucq, oui je me souviens qu’il en parlait… »
    
    « … comme c’est drôle… »
    
    « … et ce connard qui couche avec cette salope de voisine… »
    
    « … je vais devenir folle… »
    
    Il faut que je coupe ces pensées le plus vite possible :
    
    — Dites-lui de venir me voir demain. J’ai peut-être quelque chose qui pourrait l’intéresser.
    
    En effet, l’un des professionnels chez qui je place des élèves en stage m’a téléphoné la semaine dernière pour me demander si je connaissais un ancien élève à lui conseiller…
    
    — Un boulot immédiat. Même si ça ne dure pas très longtemps, ça lui remettrait le pied à l’étrier.
    — Oh ! Ça serait formidable… Je pourrais reprendre l’horaire de jour. Comment vous remercier ?
    
    Je suis toujours surpris d’« entendre » ses paroles avant qu’elle ne les prononce.
    
    « … qu’est-ce qu’il est gentil… »
    
    « … comme il a l’air mignon… »
    
    « … qu’est-ce que je pourrais faire?… »
    
    « … il est là, allongé. Il peut pas dormir… »
    
    « … et si je lui faisais un petit câlin ? … »
    
    Avec un sourire intérieur, ses pensées tournent un instant autour du câlin qu’elle pourrait me faire.
    
    Je la regarde. Elle est belle malgré sa fatigue et ...
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