Les pensées d'autrui
Datte: 06/04/2019,
Catégories:
fh,
couple,
médical,
Oral
fantastiqu,
h+medical,
Auteur: Louvilneau, Source: Revebebe
... sens bien ! Non, je ne ressens aucune douleur.
— Pouvez-vous soulever votre main gauche ?
Je soulève la main facilement.
— Pouvez-vous bouger vos doigts ?
Là encore, je bouge mes doigts sans problème.
Et les tests ont continué : tous mes membres fonctionnent et obéissent au cerveau, mes yeux suivent correctement les doigts que l’infirmière fait aller lentement d’un côté à l’autre de ma tête.
Sophie rayonne de bonheur… et moi donc !
J’ai alors voulu me redresser mais, d’une main ferme, l’infirmière m’en a empêché.
— Restez sagement allongé, me dit-elle, le professeur D. va venir tout à l’heure. C’est lui qui va décider si vous pouvez vous asseoir.
Durant tout le contact de sa main, j’ai encore eu cette impression de halo, bleu pâle cette fois-ci, et j’ai cru entendre au travers d’un brouhaha :
« … il ne faut pas qu’il bouge ; c’est beaucoup trop tôt… »
Encore une fois, étant sans doute toujours sous l’effet de tranquillisants, je n’ai pas réagi.
En sortant l’infirmière appelle ma femme et elles discutent quelques instants à voix basse près de la porte.
Sophie revient à côté de moi.
— L’infirmière, elle s’appelle Emmanuelle, vient de me dire qu’il ne fallait surtout pas que tu bouges la tête.
— Mais je me sens en pleine forme, je suis sûr que tout va aller très bien…
— Écoute, je t’en prie, reste tranquille ! Tout semble s’être passé parfaitement, l’opération a réussi. Ça serait dommage de tout gâcher pour un tout petit caprice !
— Oui ...
... ma chérie, je vais être bien sage.
Je ferme alors les yeux et murmure :
— Je vais essayer de dormir encore un peu. S’il te plait, rapproche-toi de moi et donne-moi ta main.
Je sens Sophie se lever et placer doucement son fauteuil contre le lit, puis elle me prend la main dans les siennes.
Immédiatement, derrière mes paupières baissées, m’apparaît cette magnifique couleur nacrée ; en même temps je perçois la cacophonie de nombreuses voix qui, toutes, parlent en même temps, tout à fait comme dans une salle de spectacle juste avant l’ouverture du rideau.
Un peu moins surpris que la première fois, j’essaie de comprendre ce qui m’arrive. Dans ma torpeur, je ne bouge pas, j’attends.
De plus en plus détendu, j’écoute et je réussis à séparer les voix les plus « présentes ».
« … Oh mon Vic, repose-toi mon amour. Ça a dû être dur… »
« … on dirait que l’opération a vraiment réussi. Quelle chance on a… »
« … est-ce que ça va encore durer longtemps ? Quand est-ce que l’on va pouvoir rentrer à la maison ? … »
Emportée par la fatigue, Sophie se met à sommeiller. C’est vrai que ce fut très dur pour elle aussi : attendre sans savoir, c’est souvent plus douloureux que subir.
La couleur nacrée s’assombrit peu à peu et vire au rouge pâle. Les voix redeviennent incohérentes ; je m’assoupis aussi.
Une voix très claire me réveille. J’ouvre les yeux pour voir qui parle. Personne…
La tête de Sophie est sur le lit, entre ses bras. Ses mains entourent toujours la ...