Hôtel des femmes
Datte: 24/03/2019,
Catégories:
f,
ff,
fff,
religion,
bizarre,
hotel,
douche,
dispute,
miroir,
pied,
jouet,
fantastiqu,
fantastiq,
Auteur: Calpurnia, Source: Revebebe
... tuyau et écoute !
Je fais ce qu’elle me demande, et j’entends des grognements très graves, des raclements de griffes contre le sol, ou les murs, parfois un mugissement. Il semble y avoir plusieurs individus. Aucun animal connu ne produit ces bruits. Soudain, mon imagination se met en marche, incontrôlable. Tout mon corps frissonne. J’imagine un prêtre en soutane, avec une abominable tête de taureau, en train d’abuser de femmes qu’on lui livre en pâture. Il me faut quelques instants pour me ressaisir.
— Si tu veux, dès que ma voiture sera réparée, je t’emmène, et s’il le faut, je t’hébergerai le temps que tu rebondisses. Enfuis-toi loin d’ici !
Ses grands yeux noirs se mouillent de larmes. Je la prends dans mes bras pour la consoler.
— Hélas ! Nous ne pouvons partir d’ici ! Vermillon-l’Église est hors du temps, hors de la réalité du monde des vivants. Je suis au courant pour ta voiture, comme tout le reste du village, mais aucun garagiste de viendra la réparer.
— Alors, partons à pied.
— Personne n’y est jamais parvenu. Nous habitons un recoin de l’enfer. Le second cercle : celui des femmes luxurieuses. C’est le prix à payer pour ne plus vieillir.
— Ne plus vieillir ? Quel âge as-tu ?
— Deux cent trente-cinq ans… Attention, le père Minotaure arrive ! S’il te voit ici, il va t’emmener au sous-sol, comme les autres étrangères, et alors… cache-toi dans l’armoire !
— Et toi ! Je ne veux pas qu’il te fasse du mal !
— Ne t’inquiète pas pour moi : j’en ai vu ...
... d’autres, en deux siècles. Je suis devenue sa maîtresse.
— Au fait, mon prénom est Mathilde. Et toi, comment tu t’appelles-tu ?
— Julie.
Elle a juste le temps de fermer la porte de l’armoire dans laquelle je suis dissimulée avant que le prêtre n’entre dans la cellule, sans frapper à la porte. Ils ne se disent rien, mais font l’amour sur le lit. Sans voir, j’entends tous les bruits de leur étreinte. Des baisers, puis une succion qui me semble être une fellation. Cela me paraît durer une éternité – peut-être est-ce parce que ma position recroquevillée est inconfortable. Mais l’aphrodisiaque continue son effet, allié aux échos de leur relation sexuelle. Les craquements du sommier. L’homme (ou la bête ?) doit peser lourd sur le corps de la frêle religieuse. Soudain, un grondement qui vient d’en bas. On dirait qu’ils se sont tous réveillés en même temps, attirés par l’odeur du stupre. Des sifflements, des claquements de mâchoires. Les bêtes de l’enfer. Ce zoo immonde me fascine plus qu’il m’effraie. Mourir dévorée par un serpent immense : mon fantasme secret depuis l’adolescence. L’orgasme me saisit sous cette pensée. Le cri de joie de Julie, elle aussi sous le feu de la jouissance.
Aiguillonnée par la curiosité, malgré le risque, je ne peux résister à la tentation d’entrebâiller très légèrement la porte de l’armoire afin d’apercevoir les amants, en profitant de ce que leur étreinte se trouve au maximum de son intensité. Ouf, ils n’ont rien vu. Mais je peux apercevoir seulement ...