Hôtel des femmes
Datte: 24/03/2019,
Catégories:
f,
ff,
fff,
religion,
bizarre,
hotel,
douche,
dispute,
miroir,
pied,
jouet,
fantastiqu,
fantastiq,
Auteur: Calpurnia, Source: Revebebe
... leurs pieds. Ceux du Minotaure sont humains, masculins, sans rien de particulier ; par contre, ceux de Julie ont de gros trous en plein milieu.
Leur accouplement terminé, ils se rhabillent et partent ensemble, heureusement sans verrouiller la porte de la cellule. Je rajuste mes vêtements, j’arpente le couloir avec prudence, repasse discrètement dans la nef de l’église en essayant de ne pas respirer trop d’encens, et quitte cet endroit sur la pointe des pieds, alors qu’il fait nuit noire.
Craignant d’être reconnue par ses habitantes, je ne veux pas passer devant l’hôtel. Il me faut m’éclipser le plus discrètement possible. Tant pis pour mon téléphone que j’ai laissé dans ma chambre. Sous le disque lunaire, il me semble reconnaître les ruelles que j’ai explorées dans l’après-midi. Mais les maisons se ressemblent, les angles que font entre elles les voies de circulation ne sont pas vraiment droits, et je ne sais plus où il faut tourner. Je suis perdue. Le village me semble soudain immense comme une métropole ! Après deux heures de marche rapide, l’aurore commence à effacer les étoiles, je suis en nage et toujours pas sortie du dédale de petites rues qui serpentent dans toutes les directions. Me voici de retour devant l’hôtel des femmes. Mon « évasion » est ratée – si tant est que je sois vraiment prisonnière, ce que je ne parviens pas à croire.
Épuisée, je décide de rentrer me coucher. Madame Samovar, toujours à son poste, à l’accueil, me demande si la balade ...
... nocturne que j’ai faite dans le village était belle et si j’ai pu téléphoner à l’église. Ne dort-elle jamais ?
— Non, je n’ai pas pu téléphoner, mais j’ai un renseignement à vous demander et je crois que, cette fois, vous allez pouvoir me le fournir.
— Demandez toujours : je vous promets de faire le maximum pour vous aider.
— Pouvez-vous regarder dans votre registre ce que j’ai fait pour mériter de me trouver ici ?
— Il est étrange que vous l’ignoriez. Les motifs de damnation sont en général suffisamment graves pour qu’on s’en souvienne. Vous avez vraiment oublié ?
— Honnêtement, non. Mais je voudrais vous entendre me le dire.
Elle ouvre son gros livre et le feuillette.
— Voyons, lettre D… ah, voilà, Dubois, Mathilde, née le trente décembre 1970. C’est bien vous ?
— Oui.
— Vous avez assassiné par empoisonnement à la mort-aux-rats un certain Pierre T., l’époux de Nathy, votre compagne et maîtresse d’alors, afin de la libérer des liens du mariage et parce qu’elle vous avait déclaré que le couple vivait une relation empreinte de violence et qu’il était alcoolique, ce qui est d’ailleurs inexact. Mais mon document indique que cet homme est mort dans d’affreuses souffrances, et que c’est votre fait.
— Je veux bien assumer mes actes. Mais… je croyais qu’il fallait être morte pour aller en enfer ?
— Vous l’êtes. Lorsque vous conduisiez, vendredi après-midi, vous étiez si fatiguée que vous vous êtes endormie au volant. Vous avez quitté votre voie de circulation pour vous ...