1. Hôtel des femmes


    Datte: 24/03/2019, Catégories: f, ff, fff, religion, bizarre, hotel, douche, dispute, miroir, pied, jouet, fantastiqu, fantastiq, Auteur: Calpurnia, Source: Revebebe

    ... en feu ; mes bras ne se referment que sur du vide, car elle n’est qu’une impalpable illusion qui disparaît dans un sanglot et l’épaisse fumée de sa cigarette. Pour avoir confondu le monde des morts avec celui des vivants, je n’ai réussi qu’à me tordre la cheville sur une marche. Tel est aussi l’enfer où l’amour est un mirage.
    
    Je redescends voir madame Samovar pour lui expliquer ma décision. Elle note ce que je lui déclare dans son cahier, et me dit :
    
    — C’est une belle démarche : contrairement à ce que prétendait Dante, même en enfer, il encore possible d’aimer et d’espérer revoir une personne que l’on aime. Le fait que vous ayez eu cette vision prouve votre sincérité. Je vais voir, avec mes collègues, ce qu’il est possible de faire pour vous, sans rien vous promettre. Ce que vous demandez est à présent envisageable, car Nathy vient aujourd’hui de mettre fin à ses jours en prison après avoir été condamnée à perpétuité pour l’assassinat de vous-même, et complicité pour celui de son mari. Elle s’est pendue dans sa cellule, avec une cordelette : lisez donc le journal pour connaître les détails. Mais au préalable, il faut qu’elle soit d’accord pour venir vous rejoindre.
    
    Mais le temps passe, et aucune réponse ne vient. Je m’ennuie. Me masturber quotidiennement en compagnie des autres femmes est excitant au début, mais je m’en lasse progressivement. Je voudrais de l’action, de l’émotion forte. Alors je vais voir madame Samovar ; après m’avoir patiemment écoutée, elle me ...
    ... tend le formulaire numéro Z666 qui permet l’accès au bestiaire infernal du sous-sol.
    
    Mon entrée sous la terre est prévue pour demain soir. Mais avant, je veux passer un moment tendre avec la jeune femme pâle qui ne veut pas me dire son prénom, et qui me tourne autour depuis mon arrivée dans le village. Vers midi, je toque à la porte de sa chambre. Vêtue d’une élégante robe à la grecque – tenue vestimentaire d’une époque ancienne – elle est en train de déjeuner seule d’un morceau de viande rouge qu’elle consomme crue, peut-être parce que les réchauds sont interdits dans cet hôtel, peut-être aussi parce qu’elle préfère la manger comme cela. Elle me propose de partager son repas. Au début, j’hésite devant cette nourriture ruisselante de sang. Mais j’ai faim, alors finalement j’en prends un petit morceau, puis un autre. J’ignore de quel animal est issue cette chair et préfère continuer à l’ignorer, pour qu’elle ne repasse pas par le même chemin. Elle me dit :
    
    — Sais-tu pourquoi je suis ici ?
    — Non. J’ai cru comprendre que ce n’est pas le genre de chose que l’on demande, par ici.
    — Eh bien moi, je vais te le dire. Je fais partie des premières pensionnaires de cet hôtel. Il y a environ deux cents ans, j’ai enlevé, poignardé et dévoré une vingtaine de femmes. Oui, tu as bien entendu : je les ai englouties comme une ogresse, sans rien en laisser. Cette viande crue me rappelle ces moments-là. Il y avait une série de disparitions mystérieuses, aussi bien de jeunes bergères, des ...
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