1. Du vertige aux vertiges


    Datte: 20/03/2019, Catégories: f, fh, couple, avion, amour, volupté, ecriv_c, Auteur: Fanny et Philippe, Source: Revebebe

    ... peut-être comédien ? Non… Je plaisante intérieurement et m’aperçois que je plaisante ! Mais alors si je plaisante, c’est que je vais mieux…
    
    Je respire et invite Adrien à faire de même. La montgolfière commence son ascension, lentement. J’ouvre les yeux, me décramponne d’Adrien qui, lui, est manifestement paralysé. Dans un mouvement instinctif et quasi maternel, je lui caresse doucement le visage, les cheveux, lui éponge le front, l’embrasse sur la joue sans même y avoir réfléchi. Je trouve touchant et émouvant cette grande carcasse, de plus d’un mètre quatre-vingt-dix, aux épaules larges et viriles, dans sa peur mise à nue sans pudeur. L’aider à se détendre, à le déstresser devient pour moi l’enjeu important. Grâce à lui, j’étais là, dans cette montgolfière où quelques instants plus tôt il m’avait entraînée fermement.
    
    A la pression de ses bras qui se relâche faiblement, je sens qu’il se détend. Je redouble mes caresses asexuées et tendres, je réitère des paroles apaisantes, comme nous les avons apprises le matin. Non pas un raisonnement, une phobie ne se raisonne pas, mais des "tu ne crains rien, je suis là… les autres aussi…", en boucle. Il est muet. Je commence à avoir mal au bras, qu’il n’a pas lâché, certaine d’avoir déjà un bleu. Puis il desserre vraiment la pression pour me prendre dans ses bras. Je ne sais pas si le moteur de son geste est la peur ou le désir, mais je referme les yeux, oublie l’exercice : regarder le ciel… la terre… Je suis juste dans ses bras, ...
    ... serrée, les yeux fermés. J’ai le coeur qui s’emballe de nouveau, mais franchement, ce n’est plus pour la même raison. En revanche, j’entends, je sens son coeur s’apaiser. Nous restons là, serrés, collés très fort, sans rien dire. Je n’ose pas bouger. Je suis bien, lui aussi manifestement. Plus rien n’existe. Nous sommes au milieu de nulle part, vus par personne, juste reliés par un câble.
    
    C’est lorsque la montgolfière se pose à nouveau par terre que, secoués, nous lâchons notre prise réciproque, l’air ébahi, sous les félicitations du thérapeute. C’est vrai, il n’ y a pas mort d’homme : nous sommes montés puis redescendus, quoique… Aux autres maintenant. Je vais m’asseoir sans dire un mot, incapable de rien. Adrien me suit et se pose à côté de moi. Il me prend la main. Nous regardons les autres. Je n’ose pas le regarder, du coin de l’oeil seulement.
    
    Le temps que tous y passent, deux heures trente se sont bien écoulées. Nous sommes là, statufiés. Seules nos mains et nos doigts ont joué délicieusement de nos sens, partant à la reconnaissance de l’autre tout au long de ce moment privilégié, hors du temps, où le bien-être autorise la libération de quelques émotions. Ses mains sont douces, chaudes, et il est très agréable de les caresser. C’est un instant où la sensualité peut s’exprimer, et nous en profitons, installés dans ce climat troublant et agréable. J’aimerais oser l’embrasser mais la timidité, le respect et mon sang-froid "légendaire" limitent mes ardeurs. Peut-être ...
«12...678...»