1. L'exposition


    Datte: 22/02/2018, Catégories: fh, amour, dispute, cérébral, rasage, nonéro, amourpass, consoler, lieuxpubl, Auteur: Isilwen, Source: Revebebe

    ... forcerait à s’expliquer.
    
    La semaine suivante se déroula comme à l’accoutumée, si ce n’est que Marion courait désormais avec une sérénité retrouvée, quelque chose qui semblait en revanche faire défaut à Raphaël. Tandis qu’elle avalait les kilomètres, heureuse, lui attendait. La journée, à l’abri de son magasin, et le soir, près de chez elle, guettant éperdument ses fenêtres.
    
    Mercredi, surpris qu’à vingt et une heures les lumières soient déjà éteintes, il vit une ombre se faufiler et entrer rapidement dans l’immeuble. Quelques minutes après, une lueur dans le salon lui apporta autant de chaleur qu’un feu de bois crépitant. Un instant, il avait été saisi à la fois d’inquiétude et de jalousie. Mais elle était rentrée finalement. Elle avait dû s’attarder au bureau.
    
    Il resta là encore une bonne heure, jusqu’à l’extinction des feux. Lui souhaitant alors intérieurement une bonne et agréable nuit, il s’en retourna vers son appartement.
    
    Il avait compris qu’il lui fallait poser sa massette et ses burins. Ses mains gorgées de sensations, son esprit hanté de pensées fiévreuses le rendaient incapable d’ajuster ses coups. Une certaine paix intérieure était la condition vitale, indispensable, absolue pour lui permettre d’être au sommet de son art. Allait-il la trouver samedi ? Peut-être.
    
    La semaine finit par s’écouler pour lui aussi, dans un calme fragile. Samedi, un peu avant vingt heures, devant son miroir, il ajustait le col de sa chemise. Il lui avait demandé une tenue ...
    ... élégante, lui aussi le serait. Il avait même décidé de laisser pousser sa barbe qu’il avait cependant taillée court, se souvenant que Marion semblait avoir apprécié. Peut-être pour rien. Les volets seraient-ils clos ? Il se passa la main dans ses cheveux, massa son crâne, espérant chasser cette crainte qui l’habitait depuis qu’il avait écrit cette lettre.
    
    Il noua sa cravate, exercice qu’il trouvait encore périlleux mais qui lui changea les idées. Entièrement vêtu de noir, il se sentait à son avantage, cette tenue mettait en valeur son visage et ses mains. Marion aimerait-elle ?
    
    Dans l’entrée, la main sur la poignée, il eut une dernière hésitation. Il se retourna brusquement, fouilla le premier tiroir de la commode du salon et en tira un écrin, qu’il glissa dans la poche intérieure de sa veste.
    
    Au-dehors, il se força à marcher lentement. Empruntant ce même trajet qu’ils avaient fait ensemble en sortant du restaurant, il regardait les gens qui couraient presque. La nuit était tombée sur la ville depuis quelques heures et, malgré les lumières municipales, il ne voyait que des ombres furtives, demi-personnes, à moitié avalées par des écharpes remontées au plus haut ou des bonnets descendus jusqu’aux sourcils, comme animés d’une volonté cannibale.
    
    Bien que son pas fût lent, il arrivait déjà au début de la rue où vivait Marion. Le cœur battant à tout rompre, il traversa la voie, parcourut une dernière centaine de mètres. Il se mit face à l’immeuble et, très lentement, il ...
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