1. L'exposition


    Datte: 22/02/2018, Catégories: fh, amour, dispute, cérébral, rasage, nonéro, amourpass, consoler, lieuxpubl, Auteur: Isilwen, Source: Revebebe

    Elle reste immobile sur les marches, portée par ses paquets plus que ne les portant. Son sang était glacé et sa pensée unique : il était parti. Marion faillit en lâcher ses commissions.
    
    Marche à marche cependant, elle finit de monter ce qu’il a dévalé, à une vitesse inversement proportionnelle à celle de Raphaël. Elle pousse la porte de son appartement qu’il n’a pas même fermée correctement. Du talon, elle la claque et, sans enlever son manteau, s’assied sur le canapé, comme hébétée. Elle regarde ses mains en partie engourdies du poids des paquets, comme si le sang ne circulait pas et refusait maintenant de le faire.
    
    Choquée, elle revoit la nuit qu’ils ont passée, la tendresse stupide du regard qu’elle a posé sur lui en se réveillant, le sourire qu’elle arborait en faisant ses courses pour le petit-déjeuner, l’émotion qui faisait vibrer son corps.« Mais quelle conne ! » dit-elle tout haut. Son sang circule de nouveau, mais au rythme de sa colère.
    
    Elle regarde avec dépit ses victuailles. Une vague la soulève, qu’elle réussit à refouler. Pas question de pleurer ni de s’appesantir sur sa propre naïveté. Ils avaient passé du bon temps ensemble,« il ne fallait pas s’attendre à autre chose » murmure sa petite voix intérieure, parfois terriblement cynique.
    
    Elle décroche son téléphone et compose ce numéro qu’elle connaît si bien. Trois sonneries, une voix éraillée au bout du fil. Émilie, sa meilleure amie, vient de se réveiller, comme le pensait Marion.
    
    — J’ai un peu ...
    ... abusé au marché, j’ai de quoi faire un petit-déjeuner pour deux ogres, ça te tente ?
    — Tu me laisses trente minutes pour m’habiller et arriver ?
    — Parfait, ce sera prêt, tu n’auras qu’à mettre les pieds sous la table, conclut Marion en raccrochant.
    
    ---oooOooo---
    
    Émilie arriva comme prévu et ce fut parti pour de longues heures de conversation, dont seules les femmes ont le secret.
    
    Marion ne lui avait pas parlé de Raphaël. Elle ne craignait pas la désapprobation de son amie, mais certaines choses ne peuvent être un sujet de conversation. Marion souhaitait garder ses émotions et ses souvenirs pour elle, comme dans un coffre aux trésors, tant ce qu’elle gardait de lui était intense, bouillonnant, beau. Cette beauté devait rester à l’abri de son cœur.
    
    Elle craignait aussi de s’effondrer, tant elle ne comprenait pas son attitude. Marion avait lavé la tasse de son gantier et trouvé son mégot. Il avait donc pris le temps de faire du café – et vu la quantité restante dans la cafetière, il en avait prévu pour deux – avait ensuite fumé une demi-cigarette et enfin s’était enfui comme un voleur. Quelque chose ne collait pas…
    
    Le soir, elles se retrouvèrent au Pub pour regarder un match de rugby, commentant aussi bien les actions que la musculature des joueurs, ce qui exaspérait les autres spectateurs… Marion rentra satisfaite chez elle, après cette bonne soirée. Mais en se mettant au lit, elle retrouva le parfum de Raphaël qui avait imprégné les draps. Tabac, cuir et une ...
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