D'ébène et d'opale - 1/2
Datte: 06/03/2019,
Catégories:
fh,
fplusag,
couleurs,
miroir,
Auteur: Laure Topigne, Source: Revebebe
... car les transports qu’il me procure vrillent tout mon être jusqu’en ma tête. Mes chairs sont parcourues par de violentes crispations qui compriment mon vagin, accentuant mon plaisir et le désir de mon amant. Le rythme s’accélère insensiblement, et bientôt je gémis. Tout mon corps ondule puis se convulse pendant que prise d’un insurmontable vertige, c’est moi qui me cambre pour qu’il me pénètre davantage. Cette fois, je sens mon cri qui s’enfle, m’étouffe, monte puis s’éructe en même temps que je m’abats, fauchée par la jouissance.
Submergée par tant d’émotions, je sombre dans une demi-léthargie, dans un nirvana d’impressions et de pensées confuses mais heureuses, éblouie par de spasmodiques fulgurances. Un temps indéfini qui échappe à la triste mesure des horloges, il demeure en moi, prolongeant ce bonheur qui me semble devoir s’éterniser. Il se retire ensuite si furtivement de mon sexe et de mes bras que, pour un peu, je pourrais ne pas m’en apercevoir.
Les yeux mi-clos et pleins d’étoiles, je l’entends vaguement, toujours époumoné, se rhabiller. Des bruissements de tissus évocateurs taquinent mes oreilles, et je l’imagine se coulant dans son jean avec des contorsions burlesques. Il étire mon porte-jarretelles puis le relâche ; l’élastique claque sur ma cuisse, emprisonnant un objet coriace et froid. J’hésite à quitter mes torpeurs, à redescendre en ce bas monde pour le retenir en l’appâtant d’un sourire ou d’un aimable compliment. À ce moment, il s’éloigne et me ...
... gratifie de ces mots pleins de cette rare courtoisie dont il détient le secret :
— Reprends tranquillement tes esprits et fais comme chez toi ; claque la porte en partant, je ne reviendrai que tard ce soir. Je t’attends demain, même heure, même tarif.
Toutes mes gentilles intentions s’envolent instantanément et je me cantonne à lui répondre :
— N’y compte pas.
— On verra bien ! répond-il, goguenard, en sortant.
Je demeure ensuite longtemps pâmée de délices sur ce lit d’enchantement, la tête vide et le corps repu de béate lassitude. Puis soudain, succombant à je ne sais quelle incompréhensible urgence voisine de la panique, je décide de m’évader. Je me relève pour constater que l’objet fourré sous ma jarretelle, et que depuis j’ai oublié, se constitue d’une liasse de billets de cinquante euros. Ma honte revient écrasante, charriant la puritaine dans son sillage. Je me rhabille en toute hâte, méprisant la culotte déchirée que je confie à ses fantasmes en me disant qu’il s’en fera trophée.
Mon trophée à moi se constituera de ces billets que je dénombre, fébrile, presque compulsivement, anxieuse à l’idée que le compte n’y soit, et quasi ahurie quand je me demande à quelle fin je les utiliserais. Tantôt, j’hésite à les abandonner ici pour bien lui montrer que je ne mange pas de ce pain ; mais cela il le sait déjà. Tantôt, je veux les conserver, estimant les avoir amplement mérités, les avoir gagnés à la sueur de mon… sexe, ce qui précisément me reste intolérable, même ...