Fin d'une illusion - Histoires de Sexe

Fin d'une illusion

... traits.

— Non… Pas de ton cauchemar. Du mien.
— Ah ? Explique…
— Sais-tu à quoi on destinait l’hypersimulateur au départ ? À lutter contre le terrorisme.
— Le terrorisme ?
— Après un discret kidnapping, opéré sur place par la CIA, les présumés terroristes se retrouvaient entre les griffes de Mélusine. Je te passe les détails, mais une fois l’esprit des prisonniers ensemencés de faux souvenirs, on leur faisait croire qu’ils étaient toujours en contact avec leur réseau. Le but était qu’ils livrent volontairement des informations.
— Je vois… Plus efficace que la torture, plus insidieux qu’un interrogatoire.
— En investissant des milliards pour faire joujou avec la tête des gens, le Pentagone pensait avoir trouvé l’arme ultime contre Al-Qaïda et sa mouvance.
— Ça n’a pas été le cas ?
— Tripatouiller l’esprit humain, c’est risqué. Après avoir lâché quelques renseignements, la plupart des cobayes entraient en convulsion, complètement fondus du cigare. Ceux qui ne mourraient pas devenaient fous.
— Ça fait deux mois que je suis connecté à cette machine… Du moins, si j’en crois ce que tu dis.
— Oui. Ils se sont résolus à faire appel à Keller et son équipe, voilà pourquoi tu es là. Si tu veux savoir, ton cerveau coupé du monde ne réagit plus aux discordances du réel. C’est pour ça qu’ils t’ont choisi !

Je fixais Eva en silence, à mon tour. Soit elle délirait complètement, soit c’était… monstrueux !

— Et toi, pourquoi es-tu impliquée là-dedans ?, finis-je par ...

... lâcher dans un souffle. Qu’est-il arrivé de si horrible à ton mari ?

Son regard dévia soudain dans le vide, comme si elle observait quelque chose de lointain et de brumeux au-dessus de mon épaule.

— Rien. J’ai jamais été mariée ; Piotr était juste mon psychiatre. Comme tu t’en doutes, il fait partie de l’équipe de Keller…
— Alors dans ce cas, pourquoi diable es-tu là ?

Elle poussa un long soupir, resta silencieuse un moment. Mon sourire l’encourageait à poursuivre. Alors Eva se lança, me conta son histoire, sans rien omettre des détails les plus sombres. Une histoire vraie à l’en croire. À la fin de son récit, je ne souriais plus du tout…

--<( – XI – )>--

Quelque part dans Paris, à des kilomètres de Créteil Soleil et de sa station de métro, vivait et travaillait une infirmière sans aucun lien avec Alain Durieux et sa famille.

Prénommée Eva, cette jeune personne croquait la vie par tous les bouts, ce qui n’était pas peu dire. Très appréciée des hommes, Eva le leur rendait bien. Il n’était pas rare pour cette jolie fille de mener plusieurs aventures de front, parfois même de partager son lit avec plusieurs partenaires. Dans le service où elle exerçait, les frasques d’Eva animaient la plupart des conversations, bavassages critiques, voire acerbes, de ses consœurs, propos élogieux ou gourmands de la part du personnel masculin.

La réputation d’Eva parvint jusqu’au chef du service de cardiologie, un certain Robert Chastaing. Grand amateur de demoiselles délurées, ...