Fin d'une illusion - Histoires de Sexe

Fin d'une illusion

... les choses. Une trop grande précipitation risquait de la braquer. Qu’il m’était donc difficile de rester calme !

— T’as l’air en forme, toi aussi, lança Eva. De bonnes nouvelles à m’annoncer ?
— Il y a un peu de ça…
— Allez vas-y, accouche ! Qu’est-ce qui te rend si joyeux ?
— À force de chercher des explications rationnelles, j’ai fini par négliger le principal. La réponse est là, devant nous, évidente comme le nez au milieu de la figure…
— Quoi ? Qu’est-ce qui est si évident ?
— T’as bien dit que nous partagions le même rêve, seuls tous les deux dans un univers factice ?
— Ouais. Y a que nous, ici… Enfin, si on omet les onze neurochirurgiens en train de nous scruter derrière leur glace sans tain.

Je levais la main pour un signe ironique.

— Coucous les gens ! Vous vous amusez bien, j’espère ?
— Arrêtes tes pitreries. Que voulais-tu dire de si important ?
— Il n’y a aucune rupture dans le continuum de mes souvenirs. Aucune ! J’ai acheté cette propriété avec mon épouse, nous avons signé chez le notaire et pendant des mois, j’ai continué à travailler, rencontrant mes collègues tous les jours. J’ai même discuté avec eux des aménagements de l’abri.
— Mmm… Et alors ?
— S’il n’y a que nous deux, avec qui aurais-je échangé durant tout ce temps ? Et ton mari, tes compagnons sous l’hôpital Chenevier ? Tu crois que tu aurais pu rêver cette horreur ?
— Pourquoi pas !
— On n’est pas seuls, Eva ! Comment t’expliques ça, sinon ! ? fis-je, en brandissant sous son ...

... nez la photo de Nicolas Sarkozy, barrée du message « parti sans laisser d’adresse ».
— Facile. C’est toi qui l’as créée.
— Hein ?
— Tu ne reconnais plus ton écriture ?
— Quelqu’un D’AUTRE a laissé cette carte dans le bunker de l’Élysée ! Exprès pour qu’on la découvre !
— C’est vrai… Tout comme l’ordi portable de ce soi-disant secrétaire d’état, Dalembert.
— Pourquoi soi-disant ?
— Tu comprends pas, Alain ? S’ils m’ont inclus dans l’expérience, c’est qu’elle est en train de foirer, tout simplement !
— Comment ça ?
— À force de t’accrocher à cet univers, à l’idée que tu allais être secouru, une interaction s’est formée entre toi et Mélusine. Un lien quasi organique ! À présent, ce… ce cancer transforme tous les éléments introduits par l’équipe neuromédicale pour qu’ils collent avec ta vision du monde !
— Qu’est-ce que tu me racontes là ! ?
— Le portable devait nous aider à sortir de cette fiction ! Il contenait des vidéos expliquant l’hypersimulateur, des photos de toi inconscient dans un lit d’hôpital, entouré par la fine fleur de la neurochirurgie suisse !
— Je ne te crois pas.
— Mélusine a détourné tout ça avec la complicité de ton esprit, Alain ! Tu n’y a vu que ce que TU voulais y voir, ce qui allait dans le sens de tes fantasmes de mort et de destruction massive !
— Et les restes grouillants de vers dans l’abri Chenevier, ça faisait aussi partie de mon cauchemar ?

Eva me fixa un long moment avant de répondre. L’ombre d’un fantôme avait glissé sur ses ...