Fin d'une illusion - Histoires de Sexe

Fin d'une illusion

... parles ? Il faut que tu m’éclaires, là…
— Première erreur, la radioactivité. Après dix-huit mois de vent et de pluies, impossible que l’environnement soit contaminé à ce point. La plupart des isotopes auraient du disparaître en quelques semaines… Mais non, on est toujours en alerte maximale ! Ça te paraît pas bizarre, toi ?
— Je sais pas… Les capteurs du sas déconnent peut-être ? En tous cas, les combinaisons isolantes nous évitent de ramener des poussières contaminées dans l’abri.
— Mais bien sûr, à quoi pensais-je ! ? Deuxième erreur : la réserve de Keller, ta fameuse caverne d’Ali-Baba.
— Quoi ? Qu’est-ce qui ne va pas avec la réserve ?
— Tout va trop bien, justement ! Un jour tu y trouves une cibi, que tu bricoles sans conviction… et le lendemain elle s’allume, pile sur la fréquence de mon SOS ! Tu veux un moyen de transport pour me secourir ? Paf ! Tu tombes sur un quad en état de marche. Une trousse de chirurgien pour m’ouvrir le ventre ? Parfait, elle y est ! Que vas-tu y dégotter la prochaine fois ? Des menottes pour me contraindre, des tranquillisants pour m’abrutir ?
— Le type qui a construit cet abri était cintré ! Il croyait dur comme fer à la fin du monde ! Alors, quoi d’étonnant à ce qu’il se soit équipé en conséquence ?
— Je te conseille de quadriller sérieusement les rayonnages, Alain. Tu verras, des trucs y apparaissent tout le temps, au gré de nos besoins !
— OK, stop ! Revenons à des choses plus terre à terre, d’accord ? Il faut que je t’aide à te ...

... laver. Sauf ton respect, tu pues vraiment, là.

Le rouge lui monta soudain aux joues. Elle grimpa avec brusquerie dans la douche, refusant ma main tendue. Je tournai le robinet et commençai à l’asperger. Sans décrocher un mot, elle s’empara du jet et me tourna le dos.

Pendant qu’elle se savonnait, je réfléchissais avec une intensité douloureuse à ce qu’il fallait faire. Eva constituait sans conteste un danger pour elle-même. Tout seul, je n’étais pas en mesure de la surveiller 24 heures sur 24. Elle pouvait profiter du moindre instant d’inattention pour… pour mettre sa menace à exécution.

Il n’y avait que deux options : soit endosser le rôle de geôlier, quitte à l’entraver durant mes quelques heures de sommeil, soit passer un marché avec elle, en espérant que son état mental lui permettrait de le respecter. Bien que tout en moi hurlât à l’idée de placer ma confiance entre les mains d’une schizophrène, j’optais pour cette dernière solution. D’une certaine façon, je le lui devais bien.

— Écoute Eva, il y a peut-être – je dis bien peut-être — une possibilité que tu aies raison. Il faut que tu me laisses quelques jours pour y réfléchir, d’accord ? En attendant, je te demande de ne rien tenter de … décisif.

Elle fit mine de ne pas réagir, mais je vis sa nuque se crisper. Quand elle se tourna, la beauté de son sourire n’avait d’équivalent que celle de son corps nu et luisant. Une dernière goutte d’eau glissa sur la pointe d’un téton dressé. Je me rendis soudain compte ...