1. La Femme à l'Ombrelle


    Datte: 01/03/2019, Catégories: f, fh, ff, fbi, hplusag, fplusag, inconnu, uniforme, piscine, amour, Masturbation facial, Oral pénétratio, fdanus, fsodo, historique, aventure, Auteur: Margeride, Source: Revebebe

    ... esprits, s’était relevée, le visage en sang et avait absolument tenu à payer sa tournée. « Ami, Français amis. Vive la Légion ! » braillait l’énergumène. La gnôle était abominable. Rignac sourit, encore aujourd’hui la simple pensée de ce breuvage lui brûlait la gorge. Sacré Oudinot, il n’avait pas tellement changé, les cheveux grisonnaient un peu, surtout sur les tempes, mais il semblait toujours aussi puissant, vif, avec cette espèce de sourire qui donnait l’impression qu’il se foutait toujours un peu de vous. Un matou, un de ces chats de gouttière efflanqués, tout en muscles, qui semblent endormis mais sont toujours prêts à se jeter sur vous. Au bout de trente-cinq ans de Légion, il avait investi son pécule dans ce bar aux allures de club anglais dont les murs en lambris étaient ornés de scènes de batailles et des fanions des régiments par lesquels il était passé. Un sacré parcours… Derrière le zinc, une photo prise à Calvi un jour de Camerone montrait le Colonel Erulin, celui de Kolwezi, en train de lui remettre la Légion d’honneur. Erulin, un grand, le dernier des colonels de « Paras-Légion » à l’ancienne, la trempe d’un Rafalli ou d’un Jeanpierre, mort d’un cancer. « Saloperie », songea Rignac.
    
    Il ôta son trench-coat et le posa sur le tabouret à côté de lui. Il but une gorgée du breuvage d’un beau rouge sombre et balaya la salle d’un regard distrait. C’est juste à ce moment-là qu’elle entra. Était-ce son imperméable clair, serré à la taille ? Ou peut-être ce ...
    ... parapluie d’un ton légèrement rosé, nonchalamment posé sur son épaule et qui pouvait, avec beaucoup d’imagination, évoquer une ombrelle ? Était-ce plus simplement cette allure un peu hiératique ? En tout cas elle lui fit aussitôt penser à ce tableau qu’il aimait. Elle traversa la salle et alla s’asseoir sur une banquette dans le fond. Rignac se força à ne pas la suivre du regard. Il méprisait les dragueurs de bars qui, presque honteusement, observent les femmes en douce.
    
    Il laissa passer quelques instants avant de se retourner et de planter franchement ses yeux gris-bleu dans ceux de l’inconnue. Elle ne détourna pas les yeux, mais lui rendit son regard avec un air moqueur. D’une voix de gorge, elle commanda un thé noir et sortit de son sac une revue qu’elle commença à feuilleter. Rignac s’avança d’un pas tranquille et s’assit en face d’elle sans hésiter.
    
    — Appelez-moi Ismaël… lança Rignac.
    — Tiens, étrange, j’aurai plutôt dit Achab…
    
    Elle avait à peine levé les yeux de sa lecture.
    
    Elle connaît Melville, bravo !
    
    — Vous avez mérité un verre… Et vous, comment vous appelle-t-on ?
    — Moby Dick, mais je viens de faire un régime… En tout cas vous ne manquez pas de culot…
    — Détrompez-vous, je suis l’être le plus timide du Monde, très chère…
    — Ben voyons, timide !
    — Oui, c’est un enfer, j’angoisse dès que je suis seul dans un bar et il me faut absolument trouver de la compagnie.
    
    Elle avait fini par poser son magazine, une revue littéraire, et le dévisagea un peu ...
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