1. Oublier


    Datte: 27/02/2019, Catégories: fh, nonéro, aventure, sf, Auteur: Gufti Shank, Source: Revebebe

    ... qu’Avila où ta tête est mise à prix, répondis-je sans la moindre hésitation.
    — Mais si jamais tout recommence ? Si jamais on y est accueilli avec haine ou défiance ? Nous ne sommes que deux dégénérés…
    — Nous sommes deux êtres humains ! Et si tout recommence, alors nous viendrons vivre ici, quelque part au bord de la mer, en amoureux, loin des fous qui règnent sur ces villes.
    
    Alys n’était toujours guère optimiste, et son appréhension grandissait de nouveau à mesure que nous avancions vers la grande cité. Ses contreforts se trouvaient encore sans doute à plus de quatre ou cinq kilomètres, mais quelque chose me troublait aussi.
    
    — Qu’est-ce qui ne va pas, mon amour ? me demanda finalement Alys en constatant mes multiples regards soucieux dans toutes les directions.
    — J’ai comme… comme l’impression de reconnaître cet endroit…
    — C’est vrai ? C’est de là que tu viens ? De cette ville ?
    — Je… je ne sais pas… tout est étrange, mais…
    
    Rien n’était précis ; ma mémoire demeurait obscurcie, aveugle, mais j’avais le sentiment de connaître ces lieux.
    
    — Mais tout est différent… Ce n’était pas comme ça, il y avait des champs, des champs et des prés à perte de vue, et des hameaux, des routes…
    
    Tout ça me venait soudain alors que nous longions encore la plage en progressant vers la ville lointaine. Alys m’avait pris la main et souriait en m’écoutant évoquer ce que je devinais être des souvenirs enfouis.
    
    — Là-bas ! criai-je en apercevant devant nous le lit serpentant d’un ...
    ... autre petit fleuve côtier. Là-bas, sur ce cours d’eau, il y avait…
    — Qu’y avait-il ? insista ma compagne alors que je m’étais brusquement tu.
    — Je ne sais pas… je ne sais plus, dus-je admettre après un instant à fouiller dans ma mémoire morcelée. Mais ce dont je suis sûr, c’est que la mer n’était pas là, elle était beaucoup plus loin, par là.
    
    Alys regarda machinalement vers le large, vers l’horizon, sans doute pour me faire plaisir. Tout cela ne lui évoquait rien, à l’évidence. De toute façon, elle n’était jamais sortie d’Avila. Et moi, alors ? Peut-être que je venais de cette grande ville qu’on apercevait tout là-bas… Ma somptueuse rouquine s’immobilisa soudain en tendant justement le bras devant elle.
    
    — Regarde.
    — Quoi ?
    — La ville…
    
    Ses yeux devaient être plus perçants que les miens car je ne comprenais pas ce qu’elle m’indiquait.
    
    — …ou plutôt ce qu’il en reste…
    
    M’abritant du de la vive lumière du jour, je plissai les paupières, et réalisai à mon tour sans pouvoir retenir un juron.
    
    — Oh merde !
    
    C’était indistinct, mais Alys avait raison : il ne s’agissait pas d’une ville mais bien des ruines d’une ville. Les bâtiments étincelants n’étaient plus que des décombres dans lequel le soleil descendant se reflétait toujours. Et comme pour noircir encore le tableau qu’on découvrait de plus en plus évident à mesure qu’on s’approchait, de fortes rafales de vent soufflèrent, soulevant une poussière rougeâtre sinistre qui tournoyait au-dessus des vestiges des ...
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