Un jour sans fin
Datte: 26/02/2019,
Catégories:
nopéné,
confession,
Auteur: Jane Does, Source: Revebebe
... vite sera le mieux… notre patience a des limites.
Je ne dis rien, yeux baissés sur la table, je ne trouve pas de dérivatif pour que mon esprit s’évade. Et la fliquette qui, imperturbable, avance ses pions.
— Les marques sur votre dos ? Celles sur celui de votre mari prouvent que vous vous étiez querellés. Folle de rage vous l’avez poussé dans les marches ! C’était peut-être un accident… mais nous devons absolument connaître tous vos gestes de cette soirée.
— …
Dans ma caboche, je revois les images ! Pas celles de l’escalier, non ! Celles plus précises de la raclée et c’est vrai que je me suis défendue. Mais je n’ai pas poussé Paul. Mais ils ne veulent pas savoir, ou plutôt si ! Ils espèrent que je vais leur dire ce qu’ils voudraient entendre. Et merde, qu’ils fassent de moi ce qu’ils veulent. Je m’en fiche. Le Bon Dieu a puni ce salaud qui m’a violée, c’est ça la justice. Le reste je m’en tape ! Mon sort est soldé.
Une avocate est venue me voir dans la cage où les flics m’ont collée. Elle me dit qu’un juge va m’entendre. Mais je n’ai aucun choix, je dois y aller et menottée encore. On ne sait jamais si d’aventure je voulais aussi les pousser dans le dos. Quelle bande de cons… pas un seul qui ne cherche à savoir, à comprendre ce qui s’est passé et moi je suis incapable de gérer cette histoire. Ballottée entre flic et palais de justice, je suis fatiguée.
Le mec qui est assis en costard cravate va « m’entendre » ? Mais il n’y a que lui qui parle. Et quand je veux ...
... dire un mot, il me fait signe de me taire. Eh bien, même le conseil qu’ils m’ont désigné d’office ne peut pas en placer une. Incroyable, ce type rejoue la scène. Il discute des claques, celles que j’aurais mises à Paul, puis la poussette. Mais quand je tente d’argumenter sur le viol, là, c’est clair, c’est net.
D’un revers de manche, il fait un geste qui signifie totalement que j’affabule. Je hurle presque que je veux voir un médecin. Demande refusée, je dois à nouveau la fermer. Et dire que ça s’appelle entendre la prévenue. Combien de temps dure ce grand cinéma ? Je n’ai plus aucune notion du temps ni même de l’espace qui m’entoure. Un papier est avancé vers moi ! Je dois signer. Je ne veux pas. Mais paraphé ou non, c’est du pareil au même.
Cette fois, c’est un véhicule qui m’embarque. Et l’arrêt ne se fait que dans un étrange sas. Un autre uniforme bleu aussi, mais légèrement différent de celui des flics qui m’ont amené ici. Lui est assez aimable. Il prend son temps, me demande mes nom et prénom, date de naissance et quelques autres conneries telles que numéro de sécurité sociale ou ma situation familiale. Puis il me prend mes doigts pour les noircir. Mes empreintes… me voici fichée comme une tueuse, et c’est ensuite une femme qui, vêtue d’une blouse blanche me prend en charge.
Cette fois, j’ai droit à nouveau à une horrible fouille à poil. Puis on me colle dans les pattes des couvertures et des draps, une trousse avec du savon, du papier toilette et une brosse à ...