Un jour sans fin - Histoires de Sexe

Un jour sans fin

... pourquoi il ne bouge pas. Je l’injurie depuis l’étage, le traite de salaud, mais il ne répond rien. Mon corps endolori me donne l’impression que je suis passée sous un rouleau compresseur.

— Paul, bon Dieu… qu’est-ce que tu fous par terre ? Tu as mal quelque part ? Je te jure… plus jamais tu ne me toucheras. J’avais dit non ! Tu es vraiment un sale con… remonte te coucher.

Il reste au sol, mais s’il croit qu’il va me foutre la trouille… j’en ai soupé de ses éternelles conneries. Au bout de quoi ? Trois ou quatre minutes, je suis enfin descendue. Il est toujours à la même place. J’ai mal partout ! Bon sang, quelle dérouillée il m’a mise !

— Alors qu’est-ce que tu fabriques ? Tu vas te relever, oui ? Tu crois que tu vas m’intimider et m’empêcher de déguerpir dès qu’il fera jour ? Tu te goures, mon gaillard. Cette fois tu es allé trop loin. Tu peux te remettre sur tes pattes.

Il reste dans la même position ! C’est tout de même étrange ça. Je ne vois pas sa poitrine se soulever. Paul tout aussi nu que je le suis. On voit encore la marque de mes ongles dans sa chair.

— Bon, ça suffit maintenant. Lève-toi, nous avons à discuter.

Je m’approche de lui. Ce salaud qui m’a collé une trempe magistrale. Il voulait faire l’amour, pas moi et le résultat… j’y suis passée bon gré mal gré ! Plutôt mal que bon, du reste. Et ce bruit dans les marches. Comment s’est-il débrouillé pour me flanquer la peur de ma vie ?

— Bon, s’il te plaît, viens avec moi à la cuisine avant ...

... que j’appelle les flics. Inutile de tenter de m’apitoyer en faisant semblant…

Le son de ma voix me surprend et lui qui, immobile, ne bronche pas d’un poil. Il ne se serait tout de même pas cassé la binette dans les escaliers ? Je suis contre lui et mon sang ne fait qu’un tour. Il se retire de mon visage alors qu’une fine couche de sueur perle sur mon front. Ma main se pose précautionneusement sur son visage. Il est tout pâle, tout autant que moi. C’est drôle, il… il semble ne pas respirer. Ma joue, il faut que je pose ma joue sur sa bouche.

Il va forcément encore me coller une beigne. Mais non, et je ne sens aucun souffle sortir de ces foutues lèvres. Merde, qu’est-ce qui se passe ? Depuis quand est-il allongé avec cette façon bizarroïde de garder la tête penchée ? Je dois faire quoi ? Je l’ai pris dans mes bras, mais cette fois sa caboche est tombée en avant sur sa poitrine. Bon ça ne peut pas être si grave que cela… vite le téléphone…

— Allo le SAMU… venez vite ! Mon mari a fait une chute dans les escaliers, il ne bouge plus… Ah ! oui, l’adresse… quel âge a-t-il ? Quarante-trois ans… s’il respire ? … je ne sais pas, je n’en sais rien. Je vous en prie venez vite… Vous avez bien compris l’adresse ?

Voilà une fin de nuit qui est mouvementée. Je suis remontée passer une robe de chambre. Et lui ? Il doit avoir froid. Quel con… me coller une raclée parce que je n’avais pas envie de baiser. Plus jamais, plus jamais, mon salaud, plus jamais tu ne recommenceras, je te le ...