Amnesia
Datte: 26/02/2019,
Catégories:
nonéro,
fantastiqu,
Auteur: Harold B, Source: Revebebe
... marché juste après mon réveil, mais un étage en dessous. De chaque côté, plusieurs portes. Laquelle dois-je ouvrir ? Sous l’une d’entre elles, on devine un rai de lumière tremblotante, probable diffusion d’un quelconque chandelier. Je frappe doucement. Aucune réponse. Je pousse la porte.
J’écarquille les yeux de surprise. Les deux femmes sont là, debout au milieu de cette chambre austère, enlacées et s’embrassant ; elles ne cillent pas à mon approche, mais continuent de s’étreindre avec ce qui semble de la passion. Je m’avance et toussote pour attirer leur attention ; je les appelle ; et quand je vais pour finalement les toucher, elles disparaissent comme une nappe de brume, s’évanouissant au désespoir du peu de raison qu’il me reste encore.
Je manque défaillir. J’étouffe d’angoisse. Je m’accroche à des visions, je cours après des fantômes.
Je finis par recouvrer un peu d’entendement. Je dois fuir. Je dois m’éloigner de cette maison aux mains des esprits. Je n’ai jamais cru aux spectres, mais force m’est de constater que je suis aux prises avec des apparitions.
Fuir. Quitter cette maison. Je n’ai plus que ça en tête. Je ressors en hâte de cette chambre effrayante de sobriété. Puis cours dans le couloir avant de descendre quatre à quatre les marches en pierre.
Le salon est à nouveau empli de nombreuses personnes. Je ne veux pas les regarder ; je fonce sans leur accorder le moindre coup d’œil. Une longue lamentation se fait entendre, couvrant les autres voix, ...
... douce et triste. Je ferme les yeux et hurle en avançant toujours à toute allure vers la porte d’entrée.
Je bute dans une chaise, puis dans un autre meuble. Ouvrant les yeux juste avant de tomber, je parviens à me rattraper de justesse et évite un homme, grand, impressionnant, austère, tout de noir vêtu. Ses yeux me font peur et me font mal à la fois. Je lui glisse un dernier regard puis cours de nouveau vers la porte menant au dehors, sans plus prêter la moindre attention aux dizaines de personnes autour de moi.
Enfin, la porte claque derrière moi. L’air frais. Je respire calmement, profondément. Il y a toujours cette brume lancinante, mais je la trouve presque apaisante après cette étrange sensation d’horreur latente. Je me reprends doucement en avançant lentement dans la grande allée longeant les jardins effacés par le brouillard indécis.
Un nouveau cri d’oiseau me fait tourner la tête ; sans doute est-ce encore un corbeau. Et quand je dirige à nouveau mon regard devant moi, c’est pour découvrir avec effroi une longue colonne d’une trentaine de personnes toutes de noir vêtues et marchant à pas lourds derrière une carriole tirée par un cheval.
Je hoquette d’effroi ; c’est une procession funéraire. Je crie à nouveau et appelle, mais mes hurlements restent sans effet. Je cours au milieu des gens, les bouscule. Je me pends à leurs bras, les suppliant des yeux, les implorant d’une voix probablement démente. Aucune réaction, tout juste quelques regards accablés.
Je ...