1. Amnesia


    Datte: 26/02/2019, Catégories: nonéro, fantastiqu, Auteur: Harold B, Source: Revebebe

    ... paralysé.
    
    — O… oui… oui, tout se passe bien.
    — Le repas se déroule-t-il convenablement ?
    — Euh… oui…
    — Avez-vous besoin de quelque chose, madame ?
    — Oui, donnez-moi un grand couteau, je vous prie.
    — Attendez… Celui-ci vous conviendra-t-il ?
    — Oui, cela devrait suffire. Merci.
    
    Et quand je parviens enfin à me retourner, c’est pour voir sortir une femme aux yeux fous cramoisis de rage et portant à la main un long coutelas de boucherie.
    
    Mais qui est-elle ? Ses yeux me font peur… Je tombe à genoux, d’épuisement, et d’angoisse. Je lève un bras vers elle, pour l’arrêter, pour lui parler. Mais elle disparaît vers la salle à manger sans me prêter la moindre attention. Je cours après elle, mais elle semble s’être volatilisée. Et quand je parviens de nouveau au beau milieu de la grande salle de repas, le son du piano s’élève encore, sombre et mélancolique, puissant et sublime.
    
    Je m’avance en hâte jusqu’au salon, pour constater avec affolement que le son semble venir de ma propre tête ; personne n’est assis au piano. Mais la mélodie continue, douce, romantique.
    
    Un hurlement soudain. Un long cri d’effroi qui retentit ; cela provient apparemment du haut de l’escalier, de l’étage. Je me bouche les oreilles, mais la plainte résonne de plus en plus fort, brassée avec tumulte à la sonorité à présent disharmonieuse du piano qui paraît s’affoler. Je souffre ; j’ai l’impression de manquer d’air. Je ne veux pas lever les yeux, je ne veux pas monter vers ce cri ...
    ... angoissant.
    
    Mais cela s’arrête soudainement. Je me rends compte que je suis à quatre pattes sur le sol, haletant, les yeux larmoyants fixant le sol. Je respire fort et rapidement. J’ai peur. Je me relève péniblement et jette un regard hésitant vers le haut de l’escalier. Je suis déjà allé là-haut, c’est là que je me suis éveillé ; il n’y a rien à voir là-haut… je tente de me rassurer.
    
    Mais je sais que c’est plus fort que moi ; et je sais que je vais finir par aller chercher d’où provenait ce hurlement. Quelques marches. Les poings serrés. Les poings crispés.
    
    La musique et les voix résonnent derrière moi. Devant moi, dans l’escalier, il y a deux femmes, somptueusement vêtues. Très belles, toutes les deux, dans des styles différents. Je les connais, je les ai déjà vues. Elles semblent discuter mais je n’entends pas ce qu’elles se disent. Elles montent les marches, tranquillement. L’une semble guider l’autre. Je tente de leur faire signe, de les héler, mais elles ne me voient pas.
    
    Encore un flash. Je suis écroulé, pantelant, époumoné sur le perron du premier étage. Il n’y a plus aucun bruit, plus personne autour de moi. Je n’en peux plus de ces cauchemars que je vis pourtant éveillé. Je sais que je connais ces scènes, ces personnes ; mais pourtant elles ne m’évoquent rien.
    
    Je dois trouver un regain d’énergie. Je dois savoir ce que je suis, et qui sont ces femmes. Et pourquoi elles ne sont plus là. Pourquoi je suis seul.
    
    J’arrive dans un couloir identique à celui où j’ai déjà ...
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