Amnesia
Datte: 26/02/2019,
Catégories:
nonéro,
fantastiqu,
Auteur: Harold B, Source: Revebebe
... le perron, descends trois marches menant jusqu’au jardin. L’air est frais ; il n’y a pas un souffle d’air. Je me retourne : la maison est encore plus grande que ce que j’avais imaginé, toute en vieilles pierres ; écrasante, inquiétante. Le cri d’un corbeau fend le silence feutré qui jusque-là paraissait ceindre la demeure.
Le cri d’un oiseau. Des battements d’ailes. Il fait nuit, ce doit être une chouette ou un hibou. Je suis exténué, vidé de toute énergie, mais également apaisé. Je m’avance à travers l’obscurité ; je tiens la main d’une femme. Elle est jeune, elle est belle. Elle est…
Je l’ai déjà vue… tout à l’heure, il y a quelques minutes, c’était déjà elle. Qui est cette femme ? Mes jambes se dérobent, j’ai perdu la tête et maintenant je suis en train de perdre la raison.
Et cette brume, ce silence, m’oppressent. J’ai presque peur. Je rentre, rapidement, et rejoins le salon. Il y fait bon en comparaison. Il doit bien y avoir quelqu’un. J’ai entendu la voix d’une fillette, et puis aussi celui ou celle qui jouait du piano…
Je crie une nouvelle fois, appelant. Toujours aucune réponse. Je respire doucement, tentant de recouvrer mon calme. Je vais continuer l’exploration. Peut-être finirai-je par trouver quelqu’un… ou bien d’autres réminiscences…
À l’autre bout du salon, une grande ouverture mène vers une autre vaste pièce où trône une immense table, déjà dressée comme pour un repas prestigieux. Des candélabres portent des bougies à demi consumées.
Des gens ...
... vont et viennent, jeunes hommes et femmes en tenues de serveurs ; ils portent les assiettes et les plats pour une quinzaine de personnes attablées. Je suis l’une d’elles. Je suis mal à l’aise. Je surveille particulièrement le travail des domestiques, mais il y a autre chose. À ma gauche il y a une femme et à ma droite une autre femme. Je ne sais vers laquelle me tourner. Je sais que je dois choisir mais je ne peux m’y résoudre.
J’ai la gorge serrée ; je me sens frêle et vulnérable. Chaque nouvelle vision m’affaiblit encore. Je m’assois sur une chaise, en bout de la table ; mais le mal-être ne disparaît pas. J’appelle une nouvelle fois, d’une voix piteuse ; toujours aucune réponse, ni aucun bruit.
Je me relève et m’éloigne vers la pièce sur laquelle donne une autre grande porte à doubles battants. Me voici dans une grande cuisine, rustique, odorante. Au beau milieu trône un âtre, spécialement destiné à la cuisson, semble-t-il. De nombreuses marmites, casseroles et poêles sont pendues aux murs. Je regarde tout autour de moi, m’attendant à une nouvelle vision, appréhendant, le ventre noué.
Mais rien ne vient. J’ouvre placards et tiroirs, sans bien savoir pourquoi. Mais il n’y a rien hormis des couverts et des ustensiles. Je m’éloigne. Mais au moment de franchir à nouveau le seuil de la pièce, une voix retentit derrière moi, me faisant sursauter :
— Bonsoir madame, est-ce que tout se passe comme vous le souhaitez ?
Je ne parviens pas à me retourner ; je suis comme ...