1. On ne peut pas faire le bonheur des autres contre leur gré


    Datte: 24/02/2019, Catégories: vengeance, portrait, Auteur: Kris, Source: Revebebe

    ... qui rendront amour, bonheur et joie de vivre aux heureux surbookés esseulés.
    
    Le dossier du chantier qui devrait débuter à côté de chez elle, est la priorité des priorités : réunion sur le terrain demain après-midi avec les différents prestataires. Elle va devoir supporter flatteries et insinuations et, comme d’habitude, il y en aura bien un pour faire remarquer « qu’il est rare, que ce soit une femme qui s’occupe de ce genre de chantier », mais qu’évidemment cela ne le dérange pas. Elle lui fera regretter ses paroles en l’ignorant tout particulièrement et surtout en écorchant volontairement son nom et celui de sa société.
    
    Une femme peut maîtriser les techniques de déstabilisation aussi bien qu’un homme, voire mieux.
    
    Hold-up sur ma table.
    
    Besoin de café. Elle pousse la porte de son dealer enpetit bonheur matinal. Stupeur, un couple occupe sa table : des jeunes, apparemment des étudiants qui rattrapent à la dernière minute un devoir en retard. Ils se sont étalés et ne donnent pas l’impression d’avoir envie de déguerpir rapidement, ils n’ont visiblement pas non plus conscience du sacrilège.
    
    Toujours sur le pas de la porte, elle n’arrive pas à gérer :error system.
    
    Le patron qui l’a vue arriver est dans le même état. Le café à la main, il ne sait où le poser. Elle croise son regard, il a compris sa détresse, mais il n’a pas plus de solution qu’elle.
    
    — Laissez, je vais le prendre au comptoir.
    
    Heureusement le comptoir est vide, elle s’installe sur un coin. ...
    ... Dans le pire des cas, elle n’aura qu’un voisin.
    
    Une bonne inspiration, ne pas se laisser contrarier par une si petite chose.
    
    Le parfum du café atteint ses narines et instantanément lui remonte le moral, il a l’air parfait, comme d’habitude. Cet homme sait choisir le bon mélange.
    
    Elle prépare la monnaie pour le café, mais il l’interrompt :
    
    — Laissez c’est pour moi !
    — Merci.
    
    Elle s’étonne :il a fait ce geste parce que je n’avais pas ma table ou parce que j’étais plus proche de lui ? Elle préfère la première solution et sa discrétion habituelle plaide en sa faveur.
    
    Quelques pas vers la porte, une idée : ça y est, le café fait effet, le cerveau est efficace.
    
    — Vous faites des sandwiches, le midi ?
    — Oui.
    — J’ai une réunion sur le secteur, j’aurai juste le temps d’avaler un sandwich vers treize heure, c’est possible ?
    — Oui, dites-moi ce que vous voulez, il sera prêt pour treize heure !
    — Jambon-beurre !
    — Cornichons ?
    — S’il vous plaît !
    — Je vous réserve votre table !
    — Merci !
    
    C’était bien la table, mais quand même, il l’intrigue. Il maîtrise parfaitement le métier et pourtant il a un je-ne-sais-quoi, d’élégance, une classe discrète, mais perceptible ; fuit-il quelque chose, un secret qui l’a amené là ?
    
    Pas de roman, ce n’est pas le boulot qui manque ce matin.
    
    Une petite demi-heure de mise au point : vérification des appels d’offres et photocopies des dossiers, comme ça elle pourra écrire les annotations directement dessus, en rouge si ...
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