Les trois nouvelles de Joan
Datte: 08/02/2019,
Catégories:
fh,
cérébral,
revede,
Voyeur / Exhib / Nudisme
délire,
Auteur: Joan Basilic, Source: Revebebe
... rouge, charnue, coquine, mouillée. Je n’avais qu’une envie : longer ces lèvres avec mon pouce, doucement, tout en le regardant dans les yeux, farouchement. Il m’engloutirait ensuite ce doigt… Bref, revenons-en au métro. Ce dernier arrive, bondé, overpopulationalisé, surchauffé par la friction de la population active après une dure journée de labeur. Nous tentons tous, tant bien que mal de nous frayer un chemin dans la boîte. Sardines que nous sommes, nous nous emboîtons tous parfaitement, si l’on considère que les quelques stations qui nous restent à tenir sont marquées par la mise de côté de valeurs comme la pudeur et la dignité.
Observer et rire des regards dénonciateurs, méfiants, des usagers envers les autres usagers, aurait sûrement occupé mon trajet si cet homme n’avait pas croisé ma route ce soir. Mais il était juste derrière moi, toujours très grand, et je sentais maintenant son souffle sur ma nuque. Je n’avais en tête que l’image de lui sur le quai, je ne le voyais plus directement. Ou bien si, je voyais sa main à côté de la mienne sur la barre du métro. De longs doigts fins, dont un bagué, que j’avais envie de lécher. Nous étions si serrés que je sentais presque la chaleur de son sexe contre mon cul. Mon esprit était focalisé sur cette chaleur contre mon cul. Sur l’origine de l’émanation de cette chaleur contre mon cul. Son sexe. À lui. Cet homme. J’en rougissais presque. Je souriais de désir. Et désirer, au sens propre, c’est quelque chose qui me botte. Je ...
... pense que je devais avoir la bouille d’un homme de cinquante-trois ans qui assiste à un match de handball féminin.
Voilà, je ne sais pas s’il pensait la même chose, et à vrai dire, je m’en fous, je ne veux pas savoir. Cet homme m’aura stimulée par le bon bout pendant quelques stations. Entre Charles de Gaulle-Etoile et Barbès-Rochechouart, j’ai pris mon pied, que c’la soit dit. Je suis descendue. Ai croisé mon reflet dans la porte vitrée du métro qui se refermait : j’étais rouge et échevelée, comme après une belle partie de jambes en l’air. J’ai éclaté de rire. Mais soudain, derrière l’image d’une moi suant encore les hormones, j’ai pu distinguer le visage de l’homme, celui sur lequel mon esprit s’était délicatement et poliment masturbé. Vu de cet angle, je distinguais encore la beauté de l’animal, mais je devinai enfin, et surtout, que celui-ci ne devait pas avoir plus de 17 ans.
Malheur à moi et à ma libido.
T’es beau. Putain, t’es beau.
T’es mon ami, mon frère, mon pote depuis quoi, huit, neuf, dix, et puis quinze ans, mais t’es beau, putain, t’es beau.
On se baladait ce soir-là, on se retrouve, ça fait longtemps, on gambade, on parle, on se raconte, on se raconte… J’ai changé, t’as changé, j’ai découvert depuis peu mon sexe, j’ai découvert depuis peu, que j’étais libre, qu’il n’y avais plus de propriété valable, qu’il ne devait plus y avoir de barrières, que nous pouvions, si nous le voulions, tout faire. On a bu du vin ce soir-là, pas mal de vin, on se regarde ...