La sellette de Tannhäuser
Datte: 01/02/2019,
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Voyeur / Exhib / Nudisme
noculotte,
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Auteur: Catherine, Source: Revebebe
... feu rouge, pas de klaxons, pas de fils électriques un peu partout, pas de néons multicolores et de panneaux publicitaires à tous les coins de rue, pas de bitume par terre, pas de buildings gigantesques, pas de foule compacte et bigarrée…
Non, le paysage qui s’étalait devant moi était celui d’un petit village de campagne, tel qu’on se le représente au Moyen-Âge, avec ses minuscules maisons décrépies et bancales aux toits de chaume, le filet d’eau sale qui charrie une quantité de cochonneries au milieu de ce que l’on pourrait appeler une rue s’il ne s’agissait pas surtout d’un formidable bourbier, et au milieu de cela, des animaux en liberté. Et puis, quelques hommes et femmes en guenilles, tous aussi sales, petits et visiblement aussi mal nourris que l’était mon prêtre, lequel continuait pendant ce temps à me parler derrière moi sans que je ne comprenne rien.
Croyant à une mauvaise blague, je fis le tour de l’église, essayant de voir de l’autre côté, et essayant une fois de plus de comprendre. Mais devant moi, il n’y avait que la campagne – une très jolie campagne d’ailleurs – au printemps, avec ses arbres en boutons et ses talus couverts de fleurs sauvages qui embaumaient l’air doux et tiède – un sacré contraste par rapport à l’intérieur de l’église. À Düsseldorf, j’étais début octobre, et là, on devait être, à vue de nez, en mars ou en avril. Quelque chose ne collait pas…
N’ayant pas vraiment l’esprit à m’enthousiasmer sur la beauté de la nature au printemps, je ...
... sortis machinalement mon portable, juste pour m’apercevoir qu’il n’y avait pas de réseau. Mais où pouvais-je bien être ?
Et ce satané curé qui continuait de déblatérer sans que je saisisse un mot…
Un mot, inscrit dans la pierre du pilier, m’interpella. Rassemblant mes vieux souvenirs du collège et de l’époque où j’avais été, plutôt à mon corps défendant d’ailleurs, enfant de chœur, j’essayai de former une phrase en latin.
— Où suis-je ?
L’ecclésiastique me regarda alors avec des yeux encore plus ronds qu’il ne le faisait depuis le moment où je m’étais réveillé sur le banc crasseux de l’église.
— Vous parlez latin ? me répondit-il.
— Un peu, de lointains souvenirs… Et où suis-je ?
— Ici ? À Tannhäuser…
Tannhäuser ? Ce nom ne me disait rien, sauf un très vague souvenir d’un opéra de Wagner, si je ne me trompais pas. Devant mon air hébété, il continua.
— Une fois de plus, il y avait une bagarre à la taverne. Personne ne vous a vu entrer, mais il semble qu’ils ne vous ont pas raté…
Ma mâchoire encore endolorie et les cloches qui résonnaient encore de temps à autre dans ma tête n’allaient pas me dire le contraire. Cela dit, je ne voyais toujours pas comment j’avais pu passer de l’arrière-boutique d’un brocanteur allemand de Düsseldorf à l’auberge d’un patelin portant le même nom qu’un opéra…
— Il paraît qu’il y avait un coffre avec vous…
Ma valise ! Avec tout cela, je l’avais complètement oubliée.
— Ah, et où est-elle ?
— Elle doit toujours se ...