Le meilleur de la famille (3)
Datte: 31/01/2019,
Catégories:
Erotique,
Auteur: Orchidée, Source: Xstory
Dimanche 9 juillet 1972
Mémoire défaillante due à un abus d’alcool ou volonté de ne pas voir la situation lui échapper davantage, Alice joua le rôle de la parfaite belle-mère le samedi. Une journée de shoping à Béziers nous vida de nos forces au point d’apprécier une soirée à écouter des chansons à la radio. Puis, chacune réintégra sa chambre : moi, au rez-de-chaussée, elle, à l’étage, comme les membres d’une famille recomposée réunis par les circonstances de la vie. L’incident diplomatique évité, les vacances pouvaient reprendre leur cours.
L’agitation d’Alice, le lendemain matin, tenait du dérapage contrôlé d’une voiture sur la glace; impossible de prévoir quand allait se produire la sortie de route; mais certitude de finir dans le décor.
— Tu as besoin d’aide ?
— Quelle idée j’ai eu de vouloir monter ce barbecue un dimanche matin à 8 heures ! Et Cathy ne vient pas aujourd’hui.
Je m’installai à la table du petit-déjeuner dressée à sa place au bord de la piscine, non sans avoir sacrifié à la traditionnelle bise sur la joue. L’évolution de mon ressenti lors de cet exercice matinal témoignait d’une adaptation réussie. La peau veloutée avait rosi sous mes lèvres humides, la preuve que belle-maman partageait le bonheur d’une simple marque d’affection.
— Tu veux un café ? Je te donnerai un coup de main après.
Alice retrouva aussitôt la maîtrise de ses émotions. Le pas léger assuré, le front haut, elle traversa la pelouse sans froisser le moindre brin d’herbe ...
... puis se laissa tomber sur la chaise près de moi, les yeux fermés tournés vers le soleil.
— Laisse tomber, ma Juju, mettre une rallonge pour le grill électrique, ça je connais. On va lui faire la fête à cette côte de bœuf, avec des frites bien grasses qu’on mangera avec les doigts.
— Ma Juju!
L’attribution d’un surnom affectueux m’emplit de joie, d’espoir aussi, je me sentais acceptée, adoptée officiellement. Peu importait l’absence de papa, rien ne pouvait ternir l’esquisse de bonheur.
— Invite ta tante et ta cousine si tu veux, un dimanche se fait en famille.
Si l’on n’avait pas été nues, je lui aurai sauté au cou, mais le concept du naturisme ne me permettait pas encore de me livrer à des marques d’affection insignifiantes dans un autre contexte.
A l’âge où beaucoup de jeunes rêvaient de prendre leur indépendance, je découvrais le plaisir de dépendre de l’attention de quelqu’un, d’être considérée, de ne pas me sentir trahie ni insultée, traitée de « bouche inutile à nourrir ». Au lycée, théâtre de mes seuls souvenirs en société, les filles, complices avec leur mère, se distinguaient des rebelles par la joie de vivre, une force intérieure les animait. Je les jalousais.
Alice donnait l’impression d’attendre aussi de moi, cette sensation d’interdépendance n’était pas pour me déplaire. J’en tirais, au contraire, une pleine confiance dont dépendait un épanouissement tardif, mais certain. La magie opérait depuis notre rencontre à la gare, cinq jours plus tôt, ...