Un goût de cendres
Datte: 15/01/2019,
Catégories:
nonéro,
mélo,
Humour
Auteur: John Dough, Source: Revebebe
— Mais qu’est-ce qui m’a pris, Bon Dieu, qu’est-ce qui m’a pris ? Pourquoi ai-je fait ça ? Mais qu’ai-je bien pu lui trouver ?
Après coup, on s’interroge, mais après coup, ça fait déjà beaucoup de coups, et un sacré tas d’années défilant les unes derrière les autres sans que je réagisse.
— Mais qu’est-ce qui m’a pris ?
On est con, quand on est jeune ! Déjà que moins jeune, on est souvent encore con, et que vieux, on peut parfois être toujours con, mais alors là… Certains prétendent que le temps ne fait rien à l’affaire, et que quand on est con, c’est pour toute la vie, mais j’ai peine à y croire ! Et pourtant, j’ai été con ! Ah ! Ça oui !
Déjà, je me demande pourquoi je l’ai draguée. Je devais être soûl, ou quelque chose comme ça ! À vingt-deux ans, les bitures, j’en prenais ! Enfin, je ne sais plus, mais je l’ai draguée, et puis je lui ai roulé une pelle et je l’ai pelotée, et on a fini par jouer à touche-pipi. Pas tout ça à la file, quand même, mais dans un délai… disons… assez rapproché.
Je ne me cherche pas d’excuses, non, je cherche les raisons. Et tout d’abord, j’ai été lâche, voilà. Lâche. Josiane, je ne l’aimais pas vraiment, j’étais avec elle pour tromper l’ennui, ou un truc dans ce genre-là. J’ai jamais supporté de voir chialer une fille, alors le jour où j’ai fait le premier pas en sens inverse, et que j’ai vu ses yeux de cocker, je n’ai pas pu continuer. J’ai été lâche de ne pas avoir laissé tomber l’affaire tant qu’il en était encore temps, tant ...
... qu’on n’était pas fiancés !
Fiancés ! Quelle connerie ! Et tout d’abord, des fiançailles, ça n’engage à rien. D’ailleurs, elles sont faites pour être rompues, les fiançailles. Sans ça, on ne se fiancerait pas, on se suiciderait directement. Je veux dire : on se marierait directement. Le mariage, lui, il n’est pas fait pour être rompu ! Quoique…
Comme tout fout le camp, à l’heure actuelle, un mariage, ça devient si facile à défaire qu’on se demande finalement si c’est pas fait uniquement pour dépenser du fric en saletés de cadeaux, de logements, de fêtes, de disques-jockeys, de listes à la noix et d’alliances à la con !
Déjà que la belle-famille, la foutue belle-famille, c’était pas un cadeau ! Tous des enfoirés de mes deux, à commencer par les vieux, avec leur caravane à la mer et leurs kermesses aux moules, leurs foires aux boudins et leurs anniversaires en famille où ça se termine invariablement avec la vieille à la vaisselle et la moins feignasse de ses brus qui lui donne un coup de main ; puis le vieux qui roupille dans son fauteuil la gueule grande ouverte devant les résumés des matchs de foot, quand c’est pas à table sur sa chaise pendant que les autres tapent le carton ou jouent au poker avec du faux fric, parce que, avec des jetons, on peut flamber !
Et les beaufs… Et ça rigole, et ça picole, et ça rote à table à l’heure du dessert. Tout juste s’ils ne se lancent pas dans un concours de flatulences ! Quelle misère ! Oh ! Ils le font pas devant les gosses, ...