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Voilà c'est fini
Datte: 14/01/2019, Catégories: fh, extracon, amour, jalousie, nonéro, Auteur: Café-clope, Source: Revebebe
... les autres fois. Mais cette fois-ci, c’est un gros morceau, qui est mort. Et pourtant, tu sens la douleur dans le moignon ? Tu as encore mal à ton membre fantôme ? Tu n’as toujours pas accepté la réalité. Des petits points sombres se dessinent de façon chaotique sur le quai. Des impacts frais sur ma nuque, mon crâne, mes avant-bras. Les cieux scellent de la plus ignoble des façons cette journée. Je me suis offert en holocauste, et je dois de surcroît en payer le prix. La flasque de calva. Elle sera vide demain matin. Ce ne sont pas deux amants amoureux qui dormiront dans mon lit, mais une épave. Que faire d’autre ? Sincèrement, que faire d’autre ? La pluie redouble d’intensité, et le roulement du tonnerre se fait presque continu. À ma gauche, deux lueurs se dessinent, accompagnées d’un grincement métallique. Sur le petit écran bleu, la mention « 1 h 28 » a cédé la place à « À l’approche ». Le train s’immobilise mollement. La porte est pile devant moi. J’actionne l’ouverture. Personne ne monte, personne ne descend. Mon compartiment est vide. La vue brouillée par les gouttes de pluies et les larmes, je jette un dernier regard sur ces quais où je ne reviendrai jamais. Je me pose douloureusement dans un des ces inconfortables sièges, sors mon lecteur mp3. Fatigué, à demi-ivre, je sélectionne une chanson, pratiquement au hasard. Jean-Louis Aubert. Tiens, j’avais ça, moi ? La voix du conducteur grésille : ce train est à destination de… servira toutes les gares du parcours. Play. Voilà, c’est fini… Ses yeux verts plantés dans les miens. Ce n’est pas possible. Il y a sûrement une explication… On a tant ressassé les mêmes théories Trois mots. Rien d’autre. Ses petites mains dans les miennes. Sa respiration sereine contre mon cou. Ses manières de chat. Le quai n’est déjà plus visible. Au loin, Paris. Le trajet est encore long. Mais j’ai l’impression de revenir de l’autre bout de la planète.