Voilà c'est fini
Datte: 14/01/2019,
Catégories:
fh,
extracon,
amour,
jalousie,
nonéro,
Auteur: Café-clope, Source: Revebebe
... toute façon, ça ne sert à rien que je reste.
Je m’allume une dernière clope, pour le panache, pour ne pas partir si vite, comme un voleur. Pour ne pas admettre ma défaite. J’annonce tranquillement que je ne vais pas tarder à bouger mes miches. C’est l’heure des derniers RER, et si je me débrouille mal, j’en serai quitte pour passer la nuit à l’hôtel. J’ai aussi envie de lui laisser une chance, à lui. Allez, mec, fais-moi cette faveur. Fais au moins une erreur. Montre-moi que tu n’es pas mieux que moi, qu’on joue dans la même cour.
Même pas.
Très gentiment, il m’explique simplement que puisque je suis un pote, ils peuvent très bien m’héberger pour la nuit, le canapé se déplie. Intérieurement, je me marre. Bien sûr. Dormir dans le clic-clac, alors que j’aurais pu dormir dans son lit à elle, avec elle, après qu’on ait fait l’amour, comme on l’avait fait lors de sa venue chez moi. M’endormir seul, alors que j’aurais pu la serrer contre moi. M’endormir comme un con en l’entendant gémir de plaisir entre deux grincements du lit. Gémir pour un autre. Prendre du plaisir d’un autre. Alors que moi, je serai tranquillement dans ma niche, reconnaissant d’avoir eu un strapontin dans sa vie.
Non.
Je dois me lever tôt, demain, il faut que je rentre : ma cousine passe me chercher pour une grande bouffe en famille. Bien que ça ne m’enchante guère. Acteur, je suis aussi conteur. Je sais que demain, je passerai la matinée dans mon lit, à chercher pourquoi je me lèverais.
Et ...
... le reste de la journée à savoir pourquoi je continuerais à respirer.
Oh oui. Je vais en chier, c’est certain.
La suite est tragiquement banale. J’écrase ma cigarette. Je la regarde une dernière fois. La lueur s’est éteinte. Ils ne disent plus je t’aime. L’ont-ils dit un jour ? Tout cela ressemble à un rêve. Un rêve magnifique. Une féerie dont j’ai mystérieusement été le bénéficiaire. Oui, enfin… pas le seul. Je croyais être unique. Pour elle, en tout cas. Je croyais que ce qui se passait aussi était unique, pour elle. Je me trompais. Peut-être se trompait-elle aussi.
La bise, poignée de main. Promis, si je n’ai pas mon RER, j’appelle, et je viens dormir là. Allez, les enfants, on se magne. J’ai toujours détesté les salamalecs, particulièrement quand je me fais jeter. Les oiseaux se cachent pour mourir, et moi, pour pleurer. Finalement, je suis un peu mort, aussi. En tout cas, mutilé. J’ai le sentiment de laisser un peu de moi, un peu de mon cœur, ici.
Je redescends. L’ascenseur me paraît à la fois étonnamment confortable, et terriblement angoissant. Le temps séparant deux étages est interminable. Je m’efforce de respirer profondément. De l’air. De l’air. De l’aide.
Le hall d’entrée. Quelques mètres, et c’est la cour. Fausse joie. L’air y est épais comme de la purée, lourd, humide, orageux. Ça sent les égouts. Je marche, comme un zombie. Le passé, le présent, se mélangent. Que vais-je devenir ? Elle m’avait dit qu’elle allait le…
Pourquoi y ai-je cru ? Elle ...