Trois mois de vacances
Datte: 13/01/2019,
Catégories:
fh,
hplusag,
voyage,
amour,
Auteur: Domi Dupon, Source: Revebebe
... orages ne l’inquiètent plus. Madame la Comtesse, froide, réservée à l’humour caustique s’est transformée en gamine espiègle. Le monde merveilleux de Disney ! Après le premier enthousiasme, j’ai retrouvé un semblant de raison. Le bénéfice (ou l’inconvénient) de l’âge, sans doute. Ce bonheur artificiel créé par des circonstances particulières s’érodera rapidement au contact du réel. J’ai une chance incroyable de vivre cette aventure à plus de soixante balais alors j’entre allègrement dans son jeu.
Les jours défilent à une allure vertigineuse. Hors les corvées nécessaires à notre survie, avec cette rude météo hivernale, nous ne mettons plus guère les pieds dehors. Une bonne partie de notre temps libre est consacrée à l’exploration de nos sentiments. Un restant de bon sens nous fait éviter les mots niais, mais nos gestes sont très bavards. Chaque jour, nous tentons de revivre cet état de « zenitude » que nous avions atteint la première fois. Et nous y arrivons, à tous les coups. Avec des degrés d’intensité diverse, nous parvenons à nous ressentir « un ». Cette plénitude n’aboutit jamais à une jouissance physique. Nous la provoquons ensuite… ou pas.
Comme chaque matin, je bois ma décoction aux pommes, seul, rêvassant à ce que sera notre journée. Des petits nuages roses flânent au-dessus de la tête. Mais soudain l’orage éclate. Une furie entre brutalement dans la pièce. Elle claque la porte.
— Jérôme ! Un hydravion a atterri dans la baie.
La détresse se lit sur son ...
... visage.
— Pas maintenant ! J’veux pas.
Je me suis levé, elle se coule dans mes bras. De grosses larmes mouillent mon maillot. Une chape de plomb s’abat sur mes épaules. La fin du rêve. Trop tôt.
— Je sais Mai. Mais il faut être réaliste. Nous ne pouvons vivre ainsi indéfiniment.
— Pourquoi maintenant ? hoquette-t-elle. Ils n’ont qu’à revenir au printemps.
Je dois vraiment prendre sur moi pour la contredire. Je dois jouer au mec responsable et lui mentir. Une boule dans la gorge, je lui rétorque :
— Ça ne changera rien pour nous, affirmé-je avec une conviction que je ne ressens pas du tout. Et puis tu vas être contente de retrouver ton confort.
— Je m’en fous de mon confort. Je l’emmerde mon confort. Mon confort, c’est toi !
— Donc tu m’emmerdes !
— T’es vraiment trop con.
Mais j’ai réussi à faire naître un pauvre sourire entre ces larmes. À ce moment on frappe à la porte. Une voix demande dans un anglais teinté d’un fort accent :
— Is there someone here ?
— Yes ! Come on in !
Ensuite tout va très vite. Après quelques explications, nous embarquons dans le petit avion. Avant que l’on parte, Mai a une ultime exigence : elle laisse des instructions pour de futurs naufragés en français, anglais et espagnol. Au cours du vol, le pilote nous explique comment il nous a repérés. Plutôt, son anglais étant approximatif, il converse en espagnol avec Mai Line (car bien évidemment, elle parle aussi espagnol) qui ensuite joue les interprètes. En reconnaissance, il a ...