1. Trois mois de vacances


    Datte: 13/01/2019, Catégories: fh, hplusag, voyage, amour, Auteur: Domi Dupon, Source: Revebebe

    ... dû…
    
    Cependant, elle a raison. La rapidité avec laquelle le bateau a coulé n’a laissé aucune chance à ceux qui étaient à l’intérieur.
    
    Cependant, je n’ai pas envie qu’elle ait raison, alors je proteste :
    
    — Comment pouvez-vous le savoir ? il est possible…
    — Arrêtez de faire l’enfant !
    
    L’enfant ! Quelle connasse ! Je pourrais être son père. Quoique non ! Si sa mère est du même acabit, je n’aurais pas couché avec. Elle ne me laisse pas le temps de la contrer, déjà elle reprend :
    
    — Vous avez vu comme moi. Totalement impossible ! On a eu la chance de…
    — La chance… Ça c’est vous qui le dîtes. On est là, quelque part, au milieu de l’océan…
    — Oui, mais vivant et vous êtes un marin !
    — Euh ! Pas vraiment ! Je fais partie de l’équipage, mais comme steward. Mais bien sûr ça vous ne l’avez pas remarqué.
    — Arrêtez de pleurnicher. Il doit bien y avoir un moyen d’appeler des secours dans ce foutu machin.
    
    Ses paroles me remémorent que, dans chaque embarcation, est placée une balise du type Argos. On l’a testé lors de notre exercice d’évacuation. Je le lui signale.
    
    — On va commencer par récupérer l’autre canot et on s’occupera de la balise plus tard. Passez-moi une rame.
    — Bien, madame la Comtesse.
    
    Je l’ai pensé très fort, mais la réplique m’est restée aux bords des lèvres. C’est pas le moment. En tout cas, elle a pris le commandement.
    
    Sur ses directives, nous rejoignons l’autre dinghy. À l’aide de la corde d’amarrage, nous l’arrimons au nôtre. Ceci fait, je ...
    ... récupère la balise et l’enclenche. Aucun résultat. Nouvelle tentative sans plus de succès. Mon nouveau capitaine me l’arrache des mains. Quelle délicatesse ! Quelle féminité ! Évidemment un pauvre steward est bien incapable de faire fonctionner un appareil aussi sophistiqué. Après avoir relu les instructions, elle essaie à son tour. Petite satisfaction, dans l’océan de merde où nous baignons : elle n’a pas plus de succès que moi. Je jubile :
    
    — Et alors, M’dame ?
    — Les batteries sont nazes, crache-t-elle, dépitée.
    — Il doit y en avoir une dans l’autre canot.
    
    En effet, il y en a une… dans le même état. Silence pesant. Nous prenons soudain réellement conscience de la précarité de notre situation. Respect pour la jeune dame : pas une plainte, pas une larme simplement ces mots :
    
    — Demain est un autre jour.
    
    Je balaie une dernière fois l’océan avec ma torche. Rien ! LeDuchesse de Bretagne a disparu dans les profondeurs. D’un commun accord, nous décidons que la meilleure chose que nous puissions faire est dormir, en tout cas d’essayer de nous reposer. Le canot, prévu pour huit, est pourvu d’un grand compartiment dans lequel sont stockés entre autres des rations de survie pour une semaine, un réchaud, des cartouches de cigarettes (le capitaine est, euh… était un gros fumeur) et des couvertures. Nous en prenons chacun une.
    
    Apparaît alors un autre problème : nous sommes trempés. Dans le feu de l’action, nous n’y avons accordé aucune importance. Dormir dans des fringues ...
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