1. Fantasme d'un écrivaillon (annexe à "Conte de Noël")


    Datte: 11/01/2019, Catégories: délire, Humour contes, Auteur: Domi Dupon, Source: Revebebe

    ... Soit ! Je me prenais au jeu.
    
    Quelques minutes après mon envoi, j’avais un nouveau mail, très court. La machine s’emballait.
    
    Ça se corsait. J’avais dit que je serai honnête. Répondre « non » eut été plus raisonnable mais… Je répondis par l’affirmative. Nouvel arrivage, quasi immédiat.
    
    La probabilité zéro n’existait pas. Elle l’avait affirmé, elle avait eu raison. J’avais promis la franchise. Je tins ma promesse. Non sans quelques tremblements de mains sur le clavier, je lui demandais de me donner le nom de ma dentiste.
    
    Le dernier mince espoir envolé. Pas clair dans ma tête. D’une part, très emmerdé, impression d’avoir joué avec le feu. D’autre part, fébrile devant les opportunités possibles. J’envoyais :
    
    La réponse ne se fit pas attendre :
    
    Avant la fin de la matinée, après une succession d’emails, nous avions convenu d’un rendez-vous. Bourg-en-Bresse, le mercredi suivant, 14 h 30.
    
    Voilà pourquoi, je me retrouvais devant la Brass en ce début d’après-midi.
    
    Émoustillé ? Un peu.
    
    Dans mes petits souliers ? Beaucoup.
    
    Qu’est-ce qui la poussait à me rencontrer ? J’étais plus inquiet qu’intrigué !
    
    À mon habitude, je cherchais le piège !
    
    Je pris mon courage à quatre mains et la rampe de la droite. Je grimpai les quelques marches qui menaient au café. Quand je franchis la porte, je ne brillai pas franchement. J’étais un aventurier par procuration. Faire vivre des situations improbables à mes personnages, facile ! Mais en vivre, même que le semblant ...
    ... du début d’une, hard !
    
    À cette heure pas grand monde. Pas de jeune femme seule. Soulagement. Répit. Quelques consommateurs qui ne me prêtèrent aucune attention. Je m’assis à une table en fond de salle, avec vue sur la porte d’entrée. Dans moins de dix minutes (si elle était à l’heure), je saurai à quoi m’en tenir.
    
    Je n’eus pas à attendre. À peine le temps de commander un café, ma mystérieuse correspondante faisait son apparition. Trou de souris ! Les toilettes ! N’importe quel endroit où me cacher ! Je la connaissais ! Elle avait raison, on s’était déjà croisé… chez le dentiste. J’avais imaginé de nombreuses possibilités, même celle-là. Dans les improbables, elle était la plus improbable. Malgré l’invraisemblance, une seconde, je me dis que sa présence relevait du hasard.
    
    Réflexion stupide. Elle m’avait vu et venait directement vers moi.
    
    — Bonjour, Monsieur D.
    — Bonjour ! Je suppose que ce n’est pas une coïncidence.
    — Eh non ! Je vous l’avais écrit que la probabilité zéro n’existait pas…
    
    Bien qu’elle ait pris un certain nombre de kg depuis notre dernière rencontre, je la trouvais toujours aussi séduisante.
    
    — Asseyez-vous, je vous en prie.
    — Non, c’est inutile. Notre entretien va être bref.
    
    Soudain, je me sentis mal. Je devais avoir l’air complètement crétin. Il fallait que je parle. Dire n’importe quoi.
    
    — Vous m’en voulez ?
    — Non, pas du tout.
    — … ?
    — J’ai beaucoup aimé votre texte, c’est vrai. Je pensais tout ce que je vous ai écrit…
    — Mais…
    — ...
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