1. Fantasme d'un écrivaillon (annexe à "Conte de Noël")


    Datte: 11/01/2019, Catégories: délire, Humour contes, Auteur: Domi Dupon, Source: Revebebe

    ... correspondance excitante », alors je choisis la troisième solution. Sa démarche me troublait moi aussi et plus que je ne voulais bien l’admettre.
    
    Était-elle une simple admiratrice que mes aptitudes littéraires éblouissaient ? J’en doutais fort. Je ne me faisais aucune illusion sur la réalité de mon talent : un écrivaillon qui racontait (dans un français correct, soit) des histoires de cul.
    
    Une nana coincée que le côté sulfureux de l’« écrivain » pornographique émoustillait ? La pauvre, si elle connaissait la banale réalité de ma vie.
    
    Une solitaire en manque de sexe et qui pensait qu’un auteur de récits hot ne pouvaient que… On peut toujours rêver.
    
    Une emmerdeuse à qui mon texte avait franchement déplu (qui sait une dentiste, une lesbienne voire une dentiste lesbienne) et qui voulait me pourrir la vie ?
    
    J’avais envie de savoir.
    
    Après avoir relu, je cliquai sur « envoyer ». C’était un peu pontifiant, peut-être un tantinet agressif. Et j’attendis. Pas de retour immédiat. Mes mots n’avaient pas dû lui plaire. Je ne pouvais m’empêcher d’être inquiet. D’un autre côté, ça devenait marrant. Ça donnait un peu de piquant à ma vie fastidieuse. Nos échanges commençaient probablement à l’ennuyer.
    
    Je dus patienter trois jours. Durant lesquels, j’allais un nombre certain de fois vérifier si j’avais une réponse. Je commençai d’être « addict » à cette correspondance inhabituelle.
    
    Sueur froide… Elle me faisait marcher. Et même si… Ça avait plutôt l’air de l’amuser. ...
    ... Elle me mettait au pied du mur. Madame, mademoiselle, elle n’avait pas répondu. Possible aussi que ce soit un mec. Encore des compliments mais avec quelques vacheries. Je n’arrivais pas situer son âge. Pas toute jeune, selon son style. Pourtant une réaction très agressive à ma remarque sur l’âge. Assez affûtée dans ses raisonnements. Elle avait de l’esprit. Son allusion à la ruralité, m’inquiétait un peu. Sans doute, allait-elle à la pêche. Elle ne prenait guère de risque, le département est globalement rural. Réfléchir un peu à la teneur de mon prochain message avant de me mettre au clavier. Ne pas avoir l’air d’être aux abois ou trop accro.
    
    Je laissai passer une nuit.
    
    Je fanfaronnais à longueur de message mais je n’étais pas si fier que ça ! Le fait que l’on sache que j’écrivais des histoires hot m’importait peu… Mais je ne savais pas jusqu’à quel point ce pouvait être ennuyeux légalement qu’on reconnaisse mon personnage, surtout qu’il se reconnaisse.
    
    Nous étions vendredi, je n’espérais rien avant la fin du week-end. Cependant j’ouvris ma messagerie samedi matin. Surprise, un nouveau courrier m’attendait.
    
    Sa jeunesse me surprenait. N’avait-elle pas autre chose à faire ? Un laideron ou une coincée qui se défoule dans l’anonymat de la toile. Malgré ses affirmations, mon côté parano me disait qu’elle poursuivait un but précis. M’enfin, on verrait bien ! Si son avant-dernière phrase me rassurait moyennement, la dernière était une incitation à m’y mettre tout de suite. ...
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