1. C'est ça l'amour ?


    Datte: 24/12/2018, Catégories: fh, fbi, pénétratio, fdanus, amourdram, Auteur: Jules Gratien, Source: Revebebe

    ... sauté dans le premier TGV du matin. Elle rejoignait alors la grande bâtisse rose, où son hôtesse l’attendait. Séduisante et solitaire comme une araignée de velours. Trois jours passés ensemble, à prendre le soleil sur un coin de terrasse, à siroter du vin glacé. Jusqu’à l’épuisement, elles avaient nagé en tenant le compte de leurs longueurs, tracées dans le rectangle bleu de la piscine qui dominait les vignes. Un peu plus tard, la jeune femme – je ne me souviens pas de son nom – avait fait le voyage en sens inverse pour rendre visite à Cécile, pour voir comme elle vivait. Depuis, Cécile avait reçu une ou deux fois de ses nouvelles, et puis plus rien je crois. Je n’avais pas repensé à cette aventure. Même si l’une comme l’autre prenait facilement la route et traversait la France dans l’excitation d’une simple rencontre, je savais depuis le début que la géographie limiterait leur relation. Mais plus encore, j’avais deviné en cette femme qu’elle était bien plus libre dans sa vie et dans sa tête que Cécile, et qu’elle aurait bien d’autres aventures à vivre avant de s’intéresser pour de bon à quelqu’un.
    
    Ces dernières semaines, j’avais vu s’éveiller et grandir peu à peu près de moi ce que je dois bien appeler la sensualité de Cécile. D’abord comme une petite chose fragile, un bourgeon un peu pâle. Je l’avais observée secrètement et guettais chaque signe. Dans ces mots, parfois des choses crues, quelques confidences prometteuses, dans ces gestes qui s’attardent près de mon ...
    ... corps, ses regards, où enfin elle me voit comme un être de chair. Je savais maintenant que son désir était sur le point d’éclore. Et ce week-end j’aurais dû être là pour le cueillir. Elle ne m’a pas attendu. Déception et souffrance. J’avais tant espéré, qu’elle devait bien m’appartenir un peu. Les premières caresses du regain de sa chair, offertes pour une autre, inconnue. Étrangère désœuvrée qui n’a fait que passer ; se connecter sur le net un vendredi soir pour recueillir, désinvolte, tout ce que la force de mon amour avait construit, attendu depuis des mois.
    
    Un franc sentiment d’injustice et de trahison. Je m’y accroche comme à une planche pourrie, mais qui flotte tout de même. Je dois être bien rouge, écarlate. Sous le masque décomposé de mon visage, au fond de ma poitrine coule une lave brûlante. Brusquement, il faut que je me lève. Comme si je pouvais retrouver sur la vitre la fraîcheur du dehors, à la fenêtre de la cuisine je me plante en vigile. Les yeux ronds, grands ouverts sur le jardin qui s’obscurcit déjà. On ne distingue plus la cime des grands arbres du fond. Du revers de la main, je m’essuie la figure quand ma vue et mon esprit se brouillent. Cécile perd un peu pied aussi, elle ne devait pas s’attendre à ce que je souffre autant. Du moins à ce que ça se voie. Je l’entends au loin. Pourtant, pas plus de deux mètres nous séparent. Elle cherche les mots qui conviennent à rassurer. Peu à peu, les phrases s’enchaînent, elle argumente. Peut-être tente-t-elle de se ...
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